" Citant Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais dont on célèbre en 2013 le centenaire de la naissance, le président de la République a repris à son compte le terme d'"impossible réparation".
"Le seul choix possible, le plus digne, le plus grand, c'est la mémoire, la vigilance et la transmission", a déclaré M. Hollande, adressant ainsi une nouvelle fin de non recevoir aux revendications de réparations matérielles portée par quelques voix associatives. Il reste ainsi fidèle à la ligne déjà explicitée lors de son voyage au Sénégal en octobre dernier et de son hommage aux victimes de la traite transatlantique sur l'île de Gorée.
"Notre responsabilité est de donner un avenir à cette mémoire", a affirmé le président, annonçant que l'Etat apporterait sa "contribution" au "projet emblématique", jusqu'alors porté par la région Guadeloupe (fief du ministre des Outre-mer, Victorin Lurel) de centre d'expression sur la traite, baptisé "memorial ACTe", à Pointe-à-Pitre. "C'est la paix des mémoires réconciliées et non l'oubli qui rendra la France plus forte", a-t-il ajouté.
Le 10 mai est la date retenue pour la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, célébrée depuis 2006 et issue de la loi Taubira de reconnaissance de la traite et de l'esclavage comme crime contre l'humanité (2001).
La ministre de la Justice, présente ainsi que ses collègues des Outre-mer (Victorin Lurel), de la Culture (Aurélie Filippetti) et de la Réussite scolaire (George Pau-Langevin), a été chaudement applaudie par les centaines d'invités.
L'abolition de l'esclavage en 1848 ne s'étant pas appliquée en même temps dans les anciennes colonies, chaque territoire d'outre-mer a sa propre date, a rappelé M. Hollande: 27 avril à Mayotte, 22 mai en Martinique, 27 mai en Guadeloupe, 10 juin en Guyane et 20 décembre à la Réunion. " ( Source Orange Infos )
De 1500 à 1800, la côte barbaresque du Maroc à la Libye fut le foyer d'une industrie florissante, celle du rapt de blancs européens en Méditerranée, alimentant ainsi l'exploitation et le commerce d'esclaves. Tous les spécialistes évaluent leur nombre à 1 million 250 milles pendant cette période. Les marines nationales européennes trop faibles ne possédaient pas de moyens de défense suffisants. Les corsaires maghrébins et turcs, ayant en plus des voiles, la puissante force de propulsion des galériens esclaves, pouvaient se déplacer plus rapidement, surtout quand le vent faiblissait. En 3 ans, la marine britannique à elle seule reconnaissait avoir perdu 466 navires marchands. En plus de l'attrait des rapines, l'agressivité et la cruauté des chefs islamistes redoublaient par l'aiguillon religieux de la djihad contre les mécréants.
En plus de l'interception des navires, les raids des esclavagistes barbaresques dépeuplaient des milliers de kilomètres de côtes en kidnappant hommes, femmes et enfants. Ils détruisaient les églises dont les cloches pouvaient sonner l'alarme à leur approche.
C'était l'Algérie qui détenait le plus d'esclaves chrétiens, juste devant la Tunisie.
Sur 1300 kilomètres de côtes Italiennes, la fréquence des raids éloigne du rivage la population qui se réfugie dans les citadelles vers l'intérieur des terres.
Ces pirates qui ont fait de la Méditerranée " La mer de la peur " sont de véritables riches seigneurs. Certains d'entre eux peuvent posséder de riches villas et jusqu'à 3000 esclaves chrétiens. On les nomme les Rais. Leurs prisonniers sont vendus sur les marchés de Tunis ou d'Alger s'ils sont pauvres. Les riches, les nobles, les juifs ou les religieux peuvent être libérés si ils payent une rançon. L'intervention de nombreux intermédiaires alimente un fructueux commerce qui les enrichit à tous les niveaux.
Le cruel Baba Arrouj, dit " Barbe Rousse " fut l'un des plus célèbres de ces corsaires chasseur d'esclaves blancs.
Miguel de Cervantes, auteur de Don Quichotte, capturé au large de Rosas lors de son retour de Naples, avait été déporté comme esclave au bagne d'Alger avec son frère Rodrigo le 26 Septembre 1575. Après 4 tentatives d'évasion, il fut libéré contre rançon en Septembre 1580, soit après 5 ans de captivité. Avantagé par la fortune de sa famille, apte à payer rançon, il eut le privilège de survivre tandis que de moins chanceux restèrent en captivité jusqu'à 10 ou 30 ans dans d'atroces conditions.
Le prix des femmes varie en fonction de leur âge et de leur beauté. Les enfants de tous âges et sexes sont aussi livrés aux enchères. Les plus riches ont le privilège du cachot, pour les autres, c'est le bagne. La plupart des captifs portent une chaîne fixée à un anneau enserrant l'une des chevilles. Les prisonniers les plus robustes deviennent des galériens enchaînés à leurs compagnons et leurs rames. Ils sont soumis aux fouets pour suivre les cadences. La punition habituelle des captifs était la bastonnade variant de 150 à 200 coups. Le seul moyen d'atténuer leur torture consistait à prendre le turban en se convertissant à l'Islam. Exemptés ainsi du service dans les galères, nul ne pouvait plus infliger de brimades indigne d'un fils du prophète. La crainte de perdre leur âme et de subir le supplice de la circoncision adulte pouvaient justifier les hésitations de certains. Parmi les moins riches, les charpentiers de marine, les fondeurs ou ceux qui possédaient des dons particuliers pouvaient jouir de certains avantages.
En 1683, Louis XIV fait bombarder Alger avec un grande flotte pour faire cesser les raids. En représailles, le père Le Vacher et 20 autres Français sont exécutés tour à tour, attachés à la bouche d'un canon.
Le gouverneurs de Beylik de la régence Turque recevaient un pourcentage de 10% d'esclaves comme une forme d'impôt sur le revenu. Ces esclaves publics restaient en partie sur les galères. Le reste était affectés à la construction de digues, fortifications, rues, palais, ainsi qu'à l'extraction et au convoyage des pierres de construction.
Abdelkader TIMOULE, spécialiste érudit de la djihad maritime au Maroc, nous apprend que les religieux chrétiens ayant consacré leur vie à la rédemption des esclaves avaient si bien réussi dans leur tache au profit du négoce, que les corsaires leur avaient concédé l'édification de chapelles, ce qui favorisait l'essor de ce commerce florissant.
Les croisades n'ayant été qu'une réponse à l'expansion de l'Islam en djihad dans tout le Moyen Orient, au Maghreb, en Espagne et jusqu'à Poitiers au VII et VIII siècles, certains de ces ordres s'étaient fondés pour délivrer les chrétiens prisonniers des Musulmans.
St Jean de Matha ( 1160-1213 ) provençal d'origine espagnole, fondateur de la Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs, racheta des dizaines de milliers d'esclaves des barbaresques d'Afrique du Nord. Un tiers des revenus des écoles et des hôpitaux qu'il avait créé, était consacré aux rançons.
St Pierre de Nolasque ( 1189-1256 ) natif de Ricaud et prêtre au Mas Saintes Puelles dans l'Aude, fut le précepteur du fils de Jacques Premier roi d'Aragon. C'est avec le soutien de ce dernier qu'il fonda l'ordre de " Notre Dame de la Merci " pour le rachat des chrétiens captifs dans les barbaresques. Les Mercédaires ( membres de l'ordre de " Notre Dame de la Merci ) s'engageaient à demeurer otage si nécessaire pour réussir à délivrer les esclaves des Musulmans.
A chaque retour de captifs des barbaresques, leurs rédempteurs organisaient dans les villes sur leur parcours des processions spectaculaires, justifiant leurs dépenses et leurs actions. Les foules populaires qui y assistaient, découvrant les infamies de l'esclavagisme, ne pouvaient alors éprouver que des sentiments de révolte et de pitié vis-à-vis de ces malheureux.
Condorcet, Montesquieu, Thomas Reynal, Viefville des Essarts et bien d'autres intellectuels du XVIII siècle, n'ont jamais cessé de condamner toutes formes d'esclavagisme. Entre autre, c'est à l'initiative de l'abbé Grégoire que fut voté pour la première fois l'abolition de l'esclavage le 16 pluviose de l'an II ( 1796 ). Quel historien oserait accuser le peuple Français d'être esclavagiste dans son ensemble et se permettrait-il d'exiger quelque repentance ?
Après avoir été gardien du troupeau familial près de Dax, Vincent de Paul fut ordonné prêtre en 1600 après 7 ans d'études. Partant de Marseille en 1605, où il avait touché un modeste héritage, il se dirige vers Narbonne par voie maritime. Il est alors capturé par des barbaresques et vendu comme esclave à Tunis. Après deux ans de captivité, il réussit à s'évader et à retourner en France. Il fut alors aumônier des galériens, des enfants trouvés et des paysans ignorants. Créateur d'institutions hospitalières, il fut canonisé en 1737.
L'esclavage en terre d'Islam est une donnée historique universellement reconnue, y compris par les historiens musulmans. Il convient cependant de rappeler que l'esclavage des Chrétiens blancs d'Europe a été précédé et poursuivi par celui des noirs d'Afrique. Tous les spécialistes se fondant sur des statistiques scientifiquement établies, savent maintenant que du XVI au XVIII siècle, le nombre des esclaves blancs ( 1 250 000 ) surpasse celui des noirs africains ( 800 000 ) vendus en Amérique, sans tenir compte de la surmortalité. Sur 400 Islandais capturés en 1627, il n'en restait que 70, 8 ans plus tard. Une affiche de 1785 de l'imprimerie de la veuve Sibié, imprimeur du Roi dans la ville de Marseille, commandée par les ordres de la Trinité et la Merci, nous détaille le rôle de 314 esclaves français racheté à Alger. Ce document est une véritable source de renseignements. On y trouve l'âge des esclaves au moment de leur capture, la durée de leur captivité et leur origine par paroisse et diocèse. Un rapide calcul statistique nous fait savoir que la moyenne des années d'esclavage dans ce groupe est de 9 ans. Sur le total, 25 d'entre eux proviennent de Guyenne, 32 du Languedoc et 11 du Roussillon. Thomas NIVET de MONTFERRIER ( PERPIGNAN ), 68 ans est libéré après 35 années d'esclavage. Jean FILLON, 59 ans de Béziers libéré au bout de 30 ans d'esclavage. Pierre TOURRON, 46 ans de St Vincent ( près de CARCASSONNE ) n'a souffert que 17 ans. Prosper CATHALA, 32 ans de Brousse ( près de NARBONNE ) n'a perdu que 7 ans de sa vie. Nicolas LA FAYE, 22 ans de SAINTES n'a été détenu que 2 mois. De même, Michel BAUDIRE, 35 ans d'ARGELES n'a connu que 2 mois d'esclavage.
Pendant longtemps, l'Europe a tenté des expéditions pour faire cesser les raids des corsaires. Dès 1505, Diego Fernandez de Cordoba occupe Mers-El-Kébir puis Oran en 1507. L'Espagne s'installe également sur l'îlot en face d'Alger puis à Bougie et Tripoli. Baba Aroudj devenu sultan d'Alger est tué en 1518 près de Tlemcen. Son frère Kheir-Eddin qui lui succède demande le protectorat de l'empire Ottoman pour résister à l'Espagne et lutter contre le peuple berbère. En 1541, une tentative de Charles Quint contre Alger tourne au désastre. En 1582 et 1583, Louis XIV fait, mais en vain, bombarder Alger par Duquesne, pour faire cesser les barbaresques. En 1765, Suffren bombarde Salè au Maroc et trace les plans des côtes du Maroc. Comme 130 Américains ont été capturé entre 1785 et 1793, la jeune république entre en guerre contre Tripoli qui signe un traité de paix après 3 bombardements. En 1815, elle continue son combat contre le Dey d'Alger. En 1816, l'expédition maritime Anglo-Hollandaise de Lord Exmouth arrive à faire cesser momentanément les raids. En 1818, au congrès d'Aix-la-Chapelle, les grandes puissances européennes évoquent la nécessité de faire cesser une bonne fois pour toute ce fléau et Chateaubriand appelle la France à prendre la tête de ce combat. La France mandatée par le Congrès tente la négociation mais le refus d'excuse pour le coup d'éventail entraîne un ultimatum au Dey, en juin 1827, puis un blocus jusqu'en 1830. Après une bataille navale, la France débarque à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830. Le 5 juillet 1830, le régent Ottoman Hussein-Dey signe sa soumission. Lors de la prise d'Alger, il restait encore 130 esclaves européens détenus par le Dey qui furent immédiatement libérés. Ensuite, par esprit de tolérance religieuse à l'égard des indigènes, la France leur accorda un statut spécial. Si l'esclavage des noirs fut interdit dans les villes, chez les nomades et dans les campagnes il continua longtemps d'exister. Il faut se rappeler aussi l'épisode de " La Trêve ", avec l'émir Abdelkader qui avait fait décapiter une centaine d'esclaves noirs pour s'être précédemment réfugiés auprès des Français. Il fallut attendre la publication de la loi du député Victor Schoelcher en 1848, sous la seconde république, et la forte autorité de l'administration Française pour faire cesser ces pratiques scandaleuses. En 1846, Ahmed Bey I fit une première tentative de réduction de l'esclavage. Mais ce n'est qu'après le décret Français de 1890 que ce fléau disparut définitivement de la Tunisie.
Seul l'honnête rétablissement de la connaissance des faits historiques réels permet d'éviter l'injustice des calomnieuses agressions contre un peuple qui ne les mérite pas.