vendredi 29 novembre 2013

PRISON : " SI TU NE TE CONVERTIS PAS A L'ISLAM, TU ES UN HOMME MORT "

" La religion fut son calvaire. Quatre mois après les faits, Antoine* peine toujours à raconter ses soixante-douze jours de détention au cours desquels il a été l’objet de menaces de mort et d’intimidations de la part de codétenus qui voulaient le convertir de force à l’islam, synonyme, pour eux, de salut.

Son histoire débute fin mai lorsque le jeune homme écope d’une peine de prison de 5 ans pour un viol qu’il a toujours nié. 

A l’issue du verdict, Antoine est incarcéré à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) dans le quartier des arrivants. Au bout d’une semaine, il est transféré dans une cellule de 9 m2, où deux codétenus l’attendent. « J’ai entamé le dialogue avec le premier mais le second, qui portait une longue barbe, a fait comme si je n’étais pas là », raconte Antoine. Une indifférence de courte durée. Au retour d’une promenade, le taiseux apostrophe Antoine.

« Il m’a demandé la raison de ma présence ici et, surtout, si j’étais croyant, relate-t-il. Je lui ai répondu que j’étais catholique mais que je n’étais pas un fervent pratiquant. Il m’a tout de suite rétorqué que c’était une erreur, car la seule religion digne de ce nom était l’islam ». Il exhibe plusieurs ouvrages religieux et enjoint son codétenu d’« oublier tout ce qu’il a appris à l’extérieur des murs, car son seul salut viendra de sa conversion à la religion musulmane ». Afin de pacifier la situation, Antoine s’engage à lire l’un de ces livres.

Trois jours après, il demande à s’entretenir avec une psychologue de la prison. « Elle a essayé de temporiser en me disant que les choses allaient rentrer dans l’ordre et que, si je demandais à être déplacé, je risquais d’être au contact de personnes encore plus violentes », se rappelle-t-il.

Au bout d’une semaine, le jeune homme sort pour la première fois en promenade. « Cinq personnes, dont mon codétenu, m’ont entouré dans un coin de la cour et m’ont menacé en m’expliquant que j’avais plutôt intérêt à lire les livres et à me convertir rapidement. »

Affolé, Antoine alerte son avocat et les responsables de détention. « Au fil des jours, on hurlait mon nom de famille dans les coursives, en me traitant de balance et en me promettant l’enfer. J’ai supplié d’être transféré au mitard, car je savais que c’était le seul endroit où je serai en sécurité, poursuit-il. Mais je suis resté dans la même cellule. J’étais de plus en plus terrorisé. Un soir, mon codétenu m’a parlé des Juifs et a proféré des injures antisémites. Je lui ai dit que, personnellement, je n’avais rien contre cette religion. Là, il est entré dans une colère noire. » Le lendemain, Antoine va payer ses déclarations. « En début de soirée, l’un des surveillants a fait entrer dans ma cellule un détenu d’à coté avec une lame d’environ 20 cm dans la main », décrit-il. Le surveillant, qui fait toujours l’objet d’une enquête administrative, est reparti en claquant la porte. Pendant une vingtaine de minutes, le jeune homme fait alors face, seul, à son codétenu et son complice : « Ils m’ont prévenu : Si tu ne te convertis pas, tu es un homme mort ».

Alertée par Antoine de ces nouvelles menaces — corroborées par d’autres témoignages de détenus — la direction de la prison décide de le déplacer dans une autre cellule, sous un faux nom afin d’éviter les représailles. Dans le même temps, une fouille de son ancienne cellule est organisée. Au milieu de téléphones portables et de puces téléphoniques, les surveillants découvrent plusieurs livres dont l’un : « Comment convertir un non-musulman ».

Antoine, pourtant, continue de subir. Quelques jours plus tard, il est battu à coups de pied et de poing par plusieurs détenus dans une coursive. Le lendemain, sept personnes soupçonnées de prosélytisme agressif, dont son codétenu, sont identifiées grâce au concours des agents du renseignement pénitentiaire . Elles ont été déplacées vers d’autres prisons. Antoine, lui, est libéré mi-septembre.

Dans l’attente de son procès en appel, il a repris son emploi dans une entreprise de transports en région parisienne. « J’ai connu la prison au sein de la prison, conclut-il. Je crois que le procès m’effraie moins que l’idée de recroiser l’un de mes codétenus ». "

* Le prénom a été changé.

CHOMAGE : L'ENFUMAGE CONTINUE

" Tétanie et consternation ! Comme si un mauvais génie - que nous nommerons François Follande pour le débusquer - s’était emparé de l’esprit présidentiel, le chef de l’État a surpris son monde, jeudi matin, en déclarant que : "l'objectif de l'inversion de la courbe du chômage, c'est une bataille, elle se fera mois par mois, nous devons y travailler sans cesse, tout le temps nécessaire, ce mois-ci comme les autres mois. Mais ce qui compte, c'est cette tendance que nous devons maintenant imposer, c'est que le chômage doit cesser d'augmenter".

Tout cela fleurait bon le dilatoire et le renoncement ambigu. Du reste, les cadors du PS commencèrent aussitôt à expliquer au bon peuple que ces objectifs quantifiés n’avaient guère de sens et qu’il était même idiot de s’infliger pareille contrainte. Quelques heures plus tard, dans un magnifique effort de rétro-pédalage, l’Élysée expliquait pourtant qu’il n’y avait nullement abandon de cette grande cause statistique.

Enfin, les chiffres tombaient : les inscrits en catégorie "A" à Pôle Emploi avaient bel et bien diminué d’environ 20 000. Ouf !

Que retenir de ce girouettisme présidentiel ? Il est certain que François Hollande savait déjà à quoi s’en tenir quand il a dérapé sur sa première formulation, Pôle emploi n’avait pu lui dissimuler ses chiffres.

En réalité, cette expression de l’impensé présidentiel, ce retour du refoulé, trouvent leur explication dans l’analyse même de ce pseudo recul du chômage. Si l’on tient compte des efforts démesurés de radiation des inscrits (+25,8 % par rapport à septembre 2013, +34,5 % sur un an), ce que Michel Sapin n'analyse pas comme un "phénomène particulier" (sic), le glissement prononcé des demandeurs en catégorie B et C et les recrutements d’emplois bidons dans les associations, entreprises publiques et administrations par dizaines de milliers, seul le traitement cosmétique du chômage bat son plein.

La triste réalité est que les dizaines de plans sociaux, les milliers d’entreprises en difficulté, la stagnation économique ne peuvent produire qu’un seul résultat : la montée du sous-emploi. Avec une croissance d’1,5 % et 200 000 recrutements d’emplois aidés, Hollande espérait faire illusion. Le marasme économique rend vaines toutes ses manipulations et il y a peu de chances que les Français se laissent berner, au-delà de quelques médias dévoués.

Il faut en effet être journaliste au Nouvel Observateur pour ne pas se rendre compte que toute cette construction menace ruine.

François Follande, lui, se sent donc obligé de dire ce que François Hollande ne peut avouer. Il faudra désormais suivre avec attention les déclarations "off" de ce jumeau terrible. "