lundi 17 février 2014

LES DESSOUS DE L’EXCÉDENT COMMERCIAL DE LA ZONE EURO

" En 2013, les importations ont chuté de 3,30%, selon Eurostat. Ainsi, l’amélioration de la balance commerciale n’est pas due à un meilleur résultat sur le plan des exportations, mais à la faiblesse des importations. En cause : la politique de "passager clandestin" de la zone euro, qui attend que la croissance vienne d'ailleurs...

Le 14 février Eurostat publiait les chiffres du commerce extérieur européen : « En 2013, la zone euro a enregistré un excédent du commerce international de biens de 153,8 milliards d'euros, contre +79,7 milliards en 2012». La progression de 93% de la balance commerciale apparaît dès lors comme une très bonne nouvelle. Malheureusement, le détail des chiffres traduit un tout autre phénomène.

En effet, alors que les exportations de biens hors zone euro atteignent 1887.4 milliards d’euros, soit une progression de 0.79% par rapport à 2012, les importations représentent 1733.6 milliards, soit une chute de 3.30%. Ainsi, l’amélioration de la balance n’est pas due à un meilleur résultat sur le plan des exportations, mais à la faiblesse des importations. La faiblesse de la demande intérieure européenne explique bien ce phénomène pour 80%. De ce fait, ce qui pourrait apparaître comme une bonne nouvelle n’est qu’une preuve supplémentaire de l’anémie de la demande européenne.

La situation de l’Allemagne mérite d’être développée. Les exportations du pays ont été plutôt stables au courant de l’année 2013, mais enregistrent tout de même une légère baisse de -0.3%. Par contre les importations baissent de leur côté de 1.5%. La balance commerciale atteint ainsi un total de 185.5 milliards d’euros. Ce dernier chiffre est à mettre en rapport avec la balance européenne de 153.8 milliards. C’est-à-dire que l’Allemagne parvient à obtenir une balance commerciale de 20% supérieure à celle de l’ensemble de la zone européenne.

Concernant la France, c’est le statu quo. Les exportations de biens baissent de 1.88% à 401.9 milliards, alors que les importations atteignent 471.7 milliards, soit une baisse de 2.88%. C’est ainsi que la balance commerciale « s’améliore » en passant de -76.1 milliards en 2012 à -69.9 milliards en 2013, et ce uniquement en raison de la baisse des importations. 

La hausse de 0.79% des exportations européennes pose question. Alors que les Etats Unis, le Japon, ou le Royaume Uni ont pu retrouver des couleurs sur le plan de la croissance en cette année 2013, la zone euro n’est pas parvenue à en profiter sur le plan du commerce extérieur. Ceci alors même que la Royaume Uni a pu voir ses exportations progresser de 11% sur cette seule année. C’est ainsi que la logique européenne actuelle consiste à déprimer de plus en plus son marché intérieur, faisant ainsi baisser toujours plus son besoin d’importer, et croise les doigts pour que les autres zones économiques du monde retrouvent de la croissance pour pouvoir leur exporter le maximum de biens. Cette tactique a un nom : faire le passager clandestin, le free rider, ce qui consiste à profiter de la croissance des autres sans rendre la pareille. Il est alors risible de constater que le Japon a pu être très sévèrement critiqué pour avoir pratiqué « une guerre des changes », car le résultat aura été de voir les importations en provenance de l’archipel chuter de 13% alors que les exportations n’ont baissé que de 3%.

Dans la même logique, et étant donné que les importations réalisées auprès des plus grands partenaires de la zone, c’est à dire du Royaume Uni (-3%), des Etats Unis (-2%), de la Chine (-5%)  ou de la Russie (0%), sont soit en chute libre soit stable, il y a fort à parier que le prochain G20, qui se tiendra à Sydney le weekend prochain, sera le lieu de certaines tensions. La question qui se pose est de savoir si l’Europe souhaite participer à la croissance mondiale, ou si elle compte simplement continuer de profiter des efforts de ses partenaires ? Car cette politique a également un coût intérieur : un taux de chômage de 12% pour la zone euro. La politique européenne est aujourd’hui aussi agressive vis-à-vis de sa population que de ses partenaires commerciaux. Si ces derniers venaient à ralentir leur rythme de progression, le château de cartes européen risque bien de s’écrouler. "

HOLLANDE AUX ETATS UNIS : LES PETITES GAFFES

" La visite d'Etat de François Hollande aux Etats-Unis ne s'est pas totalement déroulée sans accrocs : récit en trois temps des à-côtés de ce voyage.

Jean-Paul Huchon, qui fait partie de la délégation accompagnant François Hollande pendant son séjour aux Etats-Unis, a tout d'abord commis plusieurs impairs à en croire un article du Point. Ce lundi, le président PS de la région Île-de-France est descendu de l’avion avec son portable vissé à l’oreille, ne prêtant visiblement pas attention aux hymnes nationaux français et américain qui étaient joués quand il a foulé le tapis rouge... Autre gaffe, le lendemain, il a tout simplement oublié de se réveiller pour l’accueil officiel à la Maison Blanche par le couple Obama. Le Point précise que cette panne d’oreiller ne l’a pas empêché d’être invité au dîner de gala le soir même.

Deuxième temps avec Pierre Gattaz, lui aussi présent dans la délégation française, qui a critiqué le pacte de responsabilité de François Hollande lors d’un point presse informel à Washington. D’après des propos rapportés par Le Figaro, le patron du Medef aurait lancé : "Quand j'entends parler de contreparties dans ce pacte, j'entends aussi des gens qui me disent, on va vous contraindre, on va vous obliger, si vous n'y arrivez pas vous allez être punis, on va vous mettre des pénalités. Il faut arrêter ce discours qui est insupportable. Nous ne sommes pas dans une cour d'école". Une sortie qui est mal passée dans l'hexagone : le recadrage n’a d'ailleurs pas tardé, de la part de Matignon. Jean-Marc Ayrault a souhaité à "M. Gattaz, quand il sera revenu en France, [de] rencontre[r] vite les organisations syndicales comme c'était prévu pour engager le dialogue social vraiment sur le pacte". Avant de glisser, sur un ton glacial : "Je pense que le décalage horaire peut parfois poser des problèmes."

Pour finir : en invitant au dîner de gala, mardi 11 février, Stephen Colbert, la Maison Blanche a-t-elle commis un impair ? Assis à côté de Michelle Obama et donc à proximité immédiate du président de la République, cet humoriste a comparé dans son show, le 15 janvier dernier, François Hollande à Quasimodo. Metronews souligne que, pour le moment, personne ne s’est publiquement offusqué de sa présence. "

MONTEBOURG VEUT IMITER HOLLANDE

" Arnaud Montebourg a annoncé dimanche avoir porté plainte contre Paris Match qui lui prête une liaison avec l'actrice Elsa Zylberstein et publie des photos les montrant ensemble.

"Ce sont des photos volées donc ce journal sera poursuivi en justice et, comme tous les autres, condamné", a dit le ministre du Redressement productif sur France 3.

"C'est une activité illicite", a-t-il poursuivi, en évoquant une "atteinte à la vie privée".
Prié de dire s'il allait porter plainte contre l'hebdomadaire, Arnaud Montebourg a répondu : "C'est fait."
Le président François Hollande s'est séparé fin janvier de sa compagne Valérie Trierweiler après la publication par le magasine Closer de photos censées accréditer l'existence d'une liaison entre le chef de l'Etat et l'actrice Julie Gayet, qui a engagé des poursuites judiciaires. "

NÉGOCIATIONS INFRUCTUEUSES SUR LE CHÔMAGE

" Les propositions patronales pour réduire le déficit de l'assurance chômage ont provoqué de profondes divergences et une vive tension jeudi entre les partenaires sociaux, lors des négociations sur l'avenir de ce système lourdement déficitaire.

Le négociateur de la CGT, Eric Aubin, a déchiré d'entrée de jeu, devant la presse, le document transmis la veille par le Medef aux syndicats, le jugeant "provocateur et inacceptable".
Six heures et demie plus tard, les délégations patronales (Medef, CGPME et UMP) et syndicales (CGT, CFDT, Force ouvrière, CFTC, CFE CGC) se sont séparées sur un constat de désaccord sur l'objet même de ces négociations.

"Il n'y a rien qui se dessine ou alors c'est de l'art abstrait", a déclaré le négociateur de FO, Stéphane Lardy. "On n'a pas les mêmes conceptions du retour à l'équilibre."

Les syndicats ont rejeté toute dégradation des droits des chômeurs sous prétexte de réduire le déficit du gestionnaire de l'assurance chômage, l'Unedic, qui était de quatre milliards d'euros en 2013 et pourrait atteindre 4,3 milliards en 2014.

"On n'est pas là pour réduire les droits à indemnisation des demandeurs d'emploi dans une situation de chômage historique. Si c'est ça, ça se fera sans nous", a menacé Stéphane Lardy.
Les délégations syndicales ont dénoncé le fait que le Medef n'ait pas mentionné la mise en place de "droits rechargeables", dont elles font une priorité.

Ce dispositif, qui permettrait de cumuler les droits acquis pendant des périodes d'emploi différentes et de garder les reliquats d'indemnisation non consommés lors de la reprise d'un travail, entraînerait un coût supplémentaire de 320 millions à 880 millions d'euros selon les scénarios, a calculé l'Unedic.
"Les trois organisations patronales ne signeront pas un accord avec des aménagements à la marge et des coûts additionnels", a averti le négociateur du Medef, Jean-François Pilliard, qui a qualifié la journée d'"éprouvante".

Passant outre les conseils de retenue du ministère du Travail, Michel Sapin, le patronat a proposé une "réforme en profondeur", alors que l'Unedic prévoit une dette cumulée de 22,1 milliards en fin 2014 et 37,2 milliards fin 2017.

15 JOURS POUR "FAIRE BAISSER LA TEMPÉRATURE"
Il propose de faire varier les droits des chômeurs, la durée d'indemnisation et la durée minimale d'affiliation à l'Unedic en fonction du niveau de chômage.

Il suggère aussi d'affilier obligatoirement à l'Unedic tous les contractuels engagés par des employeurs publics et de relever le seuil - actuellement fixé à 50 ans - à partir duquel les seniors ont droit à 36 mois d'allocations et non 24 en fonction du report de l'âge légal de départ à la retraite.

Il prône enfin le déplafonnement du report de l'indemnisation en cas d'indemnités "supra-légales" versées aux salariés licenciés - délai de carence aujourd'hui fixé à 75 jours maximum, pour générer des économies.
Mais la proposition patronale qui suscite le plus d'émoi vise à réintégrer dans le régime commun les intérimaires, les ouvriers et techniciens de l'audiovisuel et les artistes du spectacle vivant, supprimant ainsi leurs régimes spécifiques.

Le patronat suggère que, si l'Etat tient à maintenir le régime des intermittents du spectacle, il prenne en charge son surcoût évalué à 320 millions d'euros annuellement.

Il s'est attiré jeudi matin une remontrance du Premier ministre : "Je déconseille au Medef de persévérer dans cette erreur", a déclaré Jean-Marc Ayrault sur Europe 1.

De façon plus générale, le patronat propose "d'étudier l'opportunité d'ouvrir une concertation avec l'Etat sur les conditions de sa participation financière au régime d'assurance chômage au titre de la solidarité nationale".
Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, a déclaré que l'application des propositions patronale permettrait de réduire le déficit de l'Unedic d'environ 1,5 milliard d'euros.

Le négociateur de FO s'est demandé s'il n'y avait pas de la part du Medef la volonté de jouer un "jeu à plusieurs bandes" vis-à-vis du gouvernement, qui propose aux entreprises un "pacte" baisse de charges contre embauches et investissements.

Le Medef et plusieurs organisations syndicales, dont la CGT et FO, ont annoncé leur intention de mettre chacun sur la table un avant-projet d'accord lors de la prochaine séance, le 27 février. D'ici là, les partenaires sociaux vont tenter de réduire leurs divergences lors de discussions bilatérales.
"Le Medef a 15 jours pour se calmer, prendre une douche froide et faire descendre la température", a dit Stéphane Lardy. "

COUR DES COMPTES : TOUR D'HORIZON DU DÉFICIT PUBLIC

" Le rapport annuel de la Cour des comptes, remis lundi à François Hollande par son premier président Didier Migaud, pointe en premier lieu un risque de dérapage du déficit public, mais aussi comme à l’accoutumée une série de dysfonctionnements et de points à améliorer. Tour d’horizon.
• Entaille à l’égalité d’accès aux transports. Les «facilités de circulation» de la SNCF accordées par l’entreprise à ses employés et à leurs proches, notamment la gratuité et les fortes remises sur les billets, posent «problème» selon la Cour. Instaurées en 1938 pour aider les familles de cheminots face à la forte mobilité des employés, elles n’ont aujourd’hui plus lieu d’être selon la Cour des comptes.

• Contrôles sanitaires insuffisants dans l’alimentation. La fréquence des rapports d’inspection a fortement baissé au cours des quatre dernières années, et les défaillances ne font pas l’objet de sanctions suffisantes, pointe l’institution, qui dénonce des «anomalies graves» dans un secteur encore marqué par la crise de la viande de cheval présentée comme du bœuf.

• Gestion inefficace des universités parisiennes. La Chancellerie des universités de Paris, qui a la charge de gérer le patrimoine des facultés de la capitale, ne remplit pas sa mission de façon efficace et constitue à ce titre un «établissement public à supprimer» selon la Cour, qui préconise de transmettre ses attributions au rectorat.

• Réforme indispensable du CNDP. Le Centre de documentation pédagogique, qui épaule les enseignants dans le choix des supports utilisés en cours, est quant à lui jugé «obsolète» et «inefficace». Ce coup de règle sur les doigts intervient en pleine polémique lancée par Jean-François Copé sur le livre Tous à poil.

• Gestion mal définie des internats. Les différents types d’internats publics font l’objet d’une politique de relance «chaotique» et source de confusion pour les établissements, selon la Cour, qui pointe aussi l’absence de définition du concept des «internats d’excellence».

 Concernant les finances publiques en général, Didier Migaud a jugé mardi que le gouvernement faisait certes des efforts «considérables» de discipline budgétaire, mais qu’il péchait encore par excès d’optimisme. Le premier président de la Cour des comptes a ainsi jugé dans un discours qu’il existait «un risque significatif» que le déficit public 2013 de la France excède l’objectif gouvernemental de 4,1% du produit intérieur brut.

Pour l’année en cours, «l’atteinte de l’objectif de déficit public» du gouvernement, soit 3,6% du PIB, «n’est pas assurée à ce stade», a-t-il dit, ajoutant que l’effort de réduction de la dépense publique devait être «poursuivi et amplifié sur les trois prochaines années». Didier Migaud, à l’occasion de la présentation toujours très solennelle du rapport annuel de la Cour des comptes, sa publication la plus importante de l’année, a certes reconnu que l’effort de discipline budgétaire l’an dernier avait été «considérable».

Il s’est aussi félicité de la volonté du gouvernement de ne faire reposer la réduction du déficit cette année que sur une baisse des dépenses, plutôt qu’une hausse des prélèvements, ce qui est «une orientation préconisée de longue date par la Cour». Mais au-delà de ce satisfecit, il a épinglé un «excès d’optimisme» du gouvernement pour ce qui concerne les hypothèses de recettes fiscales l’an dernier, assénant qu’il s’agissait d’un travers «récurrent» en France et qu’il «serait heureux que ces pratiques cessent».

Pour 2014 également, le gouvernement serait trop optimiste par certains aspects : Didier Migaud a indiqué qu’une part des économies prévues «n’était pas documentée à ce stade» et que «certaines apparaissaient surestimées». «La tenue des objectifs de dépenses de l’Etat apparaît possible, mais nécessitera d’importantes annulations de crédits pour y parvenir», a-t-il averti.

Le premier président de la Cour des comptes a appelé par ailleurs à «mieux partager» l’effort de rigueur, en se tournant vers les acteurs publics qui y ont jusqu’ici «le moins contribué», à savoir, selon lui, les collectivités territoriales et le secteur de la protection sociale. Il a qualifié la «dette sociale croissante» en France de «profonde anomalie». Pour les années à venir, il a jugé que «compte tenu du retard pris, l’effort sur la dépense devra être poursuivi et amplifié sur les trois prochaines années» pour tenir l’objectif officiel d’un «retour à l’équilibre structurel des comptes publics en 2016». "

http://www.liberation.fr/economie/2014/02/11/la-cour-des-comptes-met-en-garde-contre-un-derapage-du-deficit-public_979324