" Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé jeudi une aide de 14 milliards à 18 milliards de dollars (10,2 à 13 milliards d'euros) pour l'Ukraine, initiative qui permettra de débloquer de nouveaux crédits d'un montant total de 27 milliards de dollars sur les deux prochaines années.
Le FMI veut ainsi aider l'Ukraine à honorer les prochaines échéances de sa dette - elle doit rembourser 10 milliards de dollars en 2014 - après des mois de protestations populaires qui ont débouché sur l'éviction du président Viktor Ianoukovitch et sur une confrontation avec la Russie, cette dernière ayant annexé la région autonome de Crimée.
Cette aide est toutefois accompagnée de contreparties douloureuses pour la population, telles qu'une forte augmentation des tarifs du gaz, susceptibles d'alimenter un mouvement de contestation contre le gouvernement provisoire dans un pays déjà fragilisé.
"La mission des services du FMI et les autorités ukrainiennes se sont entendues sur un programme de réformes économiques pouvant recevoir l’appui d’un accord de confirmation de deux ans avec le FMI", écrit le Fonds dans un communiqué.
Cet accord est subordonné à l'aval du conseil d'administration du FMI, qui l'examinera en avril, "une fois que les autorités auront adopté un train de mesures préalables énergiques et globales propres à stabiliser l'économie et à créer les conditions d'une croissance durable".
Le Parlement ukrainien doit pour sa part entériner les conditions posées par le FMI. Un vote pourrait avoir lieu dès ce jeudi et le Premier ministre Arseni Iatseniouk, qui se dit à la tête d'un gouvernement "suicide" en raison de l'impopularité des mesures à prendre, a exhorté les élus à approuver ce programme.
Parmi les réformes exigées par le FMI, l'Ukraine va devoir laisser sa monnaie, la hryvnia, fluctuer davantage par rapport au dollar, augmenter les tarifs du gaz consommé par les ménages, procéder à une refonte des finances du secteur de l'énergie et adopter une politique budgétaire plus rigoureuse.
Exposant les détails de l'accord, le chef de la mission du FMI en Ukraine Nikolaï Gueorguiev a ajouté qu'il était important de réformer les procédures d'attribution des marchés publics afin de lutter contre la corruption et de réduire les dépenses de l'Etat.
PAYS "AU BORD DE LA FAILLITE"
"L'Ukraine est au bord de la faillite économique et financière", a déclaré Arseni Iatseniouk, ajoutant que le PIB risquait de se contracter de 10% cette année, sans compter le risque de faillite du pays, sans validation de l'accord et des contreparties exigées par le FMI.
Il a prévenu que le prix auquel l'Ukraine achète le gaz russe devrait bondir de près de 80% en avril, à 480 dollars les 1.000 mètres cubes. Il estime en outre que l'inflation se situera entre 12% et 14% cette année.
Son gouvernement a déjà annoncé mercredi une augmentation spectaculaire, de 50%, du prix du gaz à partir du 1er mai pour les consommateurs ukrainiens, une mesure rejetée par le gouvernement précédent pro-russe renversé par la rue.
Nikolaï Gueorguiev s'est abstenu de préciser quel serait le montant de la première tranche d'aide du FMI.
L'Ukraine a fait savoir qu'elle avait un besoin urgent de trésorerie pour couvrir ses dépenses et éviter un éventuel défaut de paiement. Le ministre ukrainien des Finances a avancé pour 2014 une prévision de contraction de 3% du PIB, l'économie locale étant affaiblie par des années de mauvaise gestion et de crises politiques.
Les obligations en dollars de l'Ukraine ont grimpé à leurs plus hauts niveaux en plusieurs semaines après cet accord. En parallèle, le coût d'assurance contre un défaut de la dette ukrainienne a diminué, le CDS à cinq ans touchant son plus bas niveau en deux mois.
Par ailleurs, la Banque européenne de Reconstruction et de Développement (Berd) a annoncé qu'elle pourrait apporter jusqu'à un milliard d'euros par an à l'Ukraine.
La Berd avait promis ce mois-ci à l'Ukraine un programme d'aide de cinq milliards d'euros sur six ans à condition que le pays accepte les conditions posées par le FMI et lutte contre la corruption.
La banque a par ailleurs renouvelé sa prévision de contraction de l'économie ukrainienne cette année. "La Berd continuera à surveiller l'évolution de l'économie en Ukraine et ajustera son approche en fonction", a-t-elle dit. "