mercredi 29 janvier 2014

CA FAIT FRÉMIR !

" C'est une affaire qui avait grandement choqué l'opinion publique... Le 19 janvier dernier, au petit matin, trois individus pénètrent avec violence au domicile d'une femme de 77 ans, boulevard Baille, dans le 6e arrondissement de Marseille. Les malfaiteurs surprennent la septuagénaire dans son sommeil et la neutralisent en la ligotant avec des câbles électriques. Sous la menace d'un couteau, ils lui extorquent le code confidentiel de sa carte bleue, dérobent un téléviseur, un ordinateur portable, une bague et une montre. Pendant que ses complices saccagent l'appartement de la vieille dame, l'un des agresseurs viole la victime alors qu'il était chargé de la surveiller. Enfin, les trois individus quittent les lieux, après avoir dégusté une bouteille de champagne... 

Après l'identification ADN du principal suspect, un mineur de 16 ans arrêté la semaine dernière, les services de police ont procédé à des recoupements qui ont permis aux enquêteurs de la sûreté départementale d'interpeller, lundi, sans heurt, les deux complices présumés impliqués dans ce crime sordide.

Sans gants et à visage découvert

En effet, la sûreté départementale des Bouches-du-Rhône établit, dès le début de ses recherches, un parallèle avec une autre affaire concernant un octogénaire violemment agressé et cambriolé dans la nuit du 15 janvier. Elle oriente ses investigations dans cette direction, confortée par de troublantes ressemblances entre les deux dossiers : le vieil homme avait lui aussi été menacé par trois individus armés d'un couteau très tôt le matin, aux alentours de 4 h 30, puis ligoté avec une ceinture trouvée sur place. 

Un mode opératoire presque identique au cambriolage du 19 janvier. C'est finalement l'ADN, plus précisément des traces d'empreintes papillaires trouvées sur les lieux du crime, qui va confondre et permettre l'interpellation du principal suspect. Peu précautionneux, les malfaiteurs ne portaient pas de gants et ont agi à visage découvert.

Le suspect d'à peine 16 ans soupçonné de meurtre

Le mineur est arrêté dans le calme par le Service interdépartemental de sécurisation des transports en commun (SISTC) dans la nuit du 21 janvier. Dès les premiers recoupements, les services de police avaient pris soin de diffuser son signalement afin de l'appréhender au plus vite. D'autant que l'adolescent est jugé "dangereux" et "violent". À à peine 16 ans, il est en effet déjà bien connu des services de police pour plusieurs affaires de casses et de vols. Pis, il était sous le coup d'un mandat de recherche de la DIPJ de Marseille pour une autre affaire criminelle, impliquant elle aussi une personne âgée de 69 ans, retrouvée morte dans le 7e arrondissement, le 20 décembre dernier, après un violent cambriolage. Les enquêteurs n'ont plus une mais trois affaires entre les mains, dont un meurtre et un viol. 

Lors de son audition dans les locaux de la PJ la semaine dernière, les enquêteurs s'aperçoivent que le mineur a subi la veille avec sa bande de copains un contrôle d'identité. Une aubaine. Cette piste va rapidement accélérer l'identification de ses deux comparses. Les noms tombent : l'un des complices présumés a 26 ans, l'autre 18. Des caméras de surveillance vont conforter les enquêteurs dans leurs intuitions. En effet, les deux suspects sont aperçus sur les bandes vidéo d'une boulangerie en compagnie du mineur peu de temps après l'agression de la septuagénaire. Les deux hommes ont été placés en garde à vue tandis que les investigations se poursuivent. "

LES DANGEREUX FASCISTES DU JOUR DE LA COLÈRE AU TRIBUNAL

" Une petite brune s’avance dans le box des prévenus, s’assoit, regarde la salle, se met à pleurer puis se frotte les yeux. Sybille D., 18 ans, capuche en fourrure et ongles vernis, était jugée ce mardi au tribunal correctionnel de Paris pour « violences volontaires sur fonctionnaire de police ». Elle a été arrêtée à l’issue de la manif fourre-tout de ce dimanche, baptisée Jour de colère.

Pendant sa garde à vue, Sybille a admis avoir jeté une cannette de bière vide, « bue par un de ses amis », en direction des forces de l’ordre, sans les atteindre. La lycéenne ne reconnaît pas les faits devant la présidente :

« On m’a dit que je serai libérée si j’avoue. »

Dans la salle, il y a ses parents qui habitent près du Mans (Sarthe) : elle est mère au foyer, lui est militaire retraité. Sybille D. est la quatrième d’une fratrie de sept enfants. Famille catholique. « On ne lâchera rien. On n’est pas des extrémistes », dit la mère aux journalistes.

« Voici la terreur de la place Vauban », ironise son avocat pendant l’audience.

« Une crevette qui terrorise la police. »

La procureure a requis un mois de prison avec sursis. Mais la procédure a été annulée pour vice de forme.

Assise sur le banc, elle tripote sa croix dorée

Dimanche, la manifestation a rassemblé quelques milliers de personnes dans la capitale, de la place de la Bastille à la place Vauban : des familles, des cathos intégristes, des identitaires ou des partisans de Dieudonné... 250 personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue après les incidents survenus lors de la dispersion du rassemblement. La plupart ont été libérées lundi. Dix-neuf policiers ont été blessés.

Sybille D., qui dit n’appartenir à « aucun groupe particulier », fait partie des huit personnes – dont deux mineurs – déférées devant la justice. Les quatre jeunes qui comparaissaient mardi, comme Sybille, dans cette section du tribunal correctionnel de Paris, sont inconnus des services de police et de justice. Les faits reprochés ne sont pas bien lourds.

Dans la salle d’audience, une proche d’un prévenu, cheveux relevés et perles aux oreilles, tient une image du christ contre un petit carnet. Une jeune fille, assise sur un autre banc, tripote la croix dorée qu’elle porte autour du cou.

Il y a aussi Hélène, une femme qui se présente comme « l’une des déclarantes anonymes » du collectif Jour de colère et qui couvre des feuilles blanches dans la salle. Enseignante au chômage, elle n’avait jamais organisé de manif auparavant.

Louis-Marie M., 18 ans : « J’ai trébuché »

C’est au tour d’Aymeric B., 20 ans, Louis-Marie M. et Loïc R., tous deux 18 ans, de s’avancer dans le box des prévenus pour avoir jeté, à la dispersion de la manif, une barrière de chantier contre un cordon de gendarmes mobiles, sans les atteindre. A nouveau, le profil de fils de bonne famille, sans histoires.

« Je ne me contrôlais plus trop », a dit Aymeric B., qui reconnaît le jet de barrière, « en colère contre les forces de l’ordre ». Etudiant en BTS de transport et logistique, il a déjà manifesté plusieurs fois, notamment contre le mariage gay. « Dangereux ? » Son avocat lève la voix :

« En le regardant, je vois plutôt un Gavroche avec sa mèche rebelle. »

Louis-Marie M., cinq frères et sœurs, un père cadre et une mère au foyer, est étudiant en licence de médecine. Il admet lui aussi avoir jeté une barrière, mais sans l’intention de le faire :

« J’ai trébuché, j’ai été entraîné en avant et ça a entraîné la barrière. »

La procureure lui fait remarquer que pendant ses auditions, il a dit avoir trébuché au moment de jeter les grilles. L’avocat de Louis-Marie M. a plaidé la relaxe : « Il n’y a pas d’éléments à charge contre mon client. »

« Ses parents étaient catastrophés »

Pour sa première manif, Loïc R., en bac pro mécanique auto, était « en colère » aussi. Il reconnaît avoir soulevé deux barrières pour construire un barrage de protection. Il avait aussi sept pétards dans son sac, « pour faire du bruit ». « J’ai été appelé par la maman de monsieur R. », déclare son avocat. « Ses parents étaient catastrophés. »

« Je me demande s’il n’y a pas un peu de politique derrière ces interpellations », ajoute-t-il. Plus tôt dans l’après-midi, l’avocat de Sybille avait lui aussi pointé le nombre d’interpellations :

« Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a eu des excès. A force, on favorise les thèses complotistes. »

Dans son réquisitoire, la procureure, pour qui le jet de barrière aurait pu représenter « une vrai dangerosité », parle de trois jeunes « certainement immatures ». Elle requiert des peines de deux mois ferme.

Les trois ont reçu des peines de prison, mais assorties du sursis. "