" Seule de la viande halal avait été commandée pour le barbecue de la fête d'une école maternelle du quartier du Mas Drevon à Montpellier. Des parents, qui l'ont appris tardivement, ont dénoncé cette décision. La polémique a éclaté sur fond d'amalgame entre respect de la laïcité et racisme. L'inspecteur de l'Education nationale évoque une "incompréhension mutuelle" et appelle au calme.
"Nous n’avions qu’un seul barbecue et nous manquions de parents pour le tenir." Cette explication de Marie-Line Schrotzenberger, directrice de l’école Surcouf, dans le quartier du Mas-Drevon à Montpellier, certains parents ne l’ont pas comprise. Lors de la traditionnelle fête de fin d’année, mardi 18 juin, elle n’a commandé que des merguez et saucisses halal dans cette maternelle qui accueille une majorité d’élèves musulmans.
La directrice justifie ce choix faute de mieux : "Nos moyens étaient très limités, et la viande non-halal nous restait toujours sur les bras. De plus, chacun était libre d’apporter ce qu’il souhaitait." Et personne ne s’en est privé.
Certains parents découvrent le contenu de la commande au dernier moment
Toujours dans le but d’éviter que cette affaire ne prenne des proportions démesurées, une réunion préparatoire à la fête, annoncée dans le carnet de correspondance des enfants, avait eu lieu le 28 mai. 25 personnes y auraient assisté. Le barbecue de fortune est alors gracieusement bricolé par une personne du centre aéré voisin. Hélas, alors que le compte-rendu est affiché sur la grille de l’école, quelques parents n’apprennent la décision que le jour même. Trop tard pour modifier la commande : la polémique éclate.
Un enseignant de confession musulmane pris à partie
Le seul enseignant de confession musulmane au sein de l’équipe éducative, décrit par tous les parents, même les plus remontés, comme "quelqu’un de bien, profondément laïc et marié à une non-musulmane", est même tenu responsable. Il est pris à partie devant l’école, sur fond de conflits d’ordre privé. L’affaire personnelle se mêle à l’imbroglio public.
Amalgame laïcité et racisme
Jessie Bourret, déléguée des parents d’élèves, raconte : "À leur tour, des parents laïcs ont été invectivés chez eux, par des mamans qui faisaient l’amalgame entre laïcité et racisme." Sous couvert d’anonymat, d’autres parents ont confirmé cette mauvaise ambiance. Ils auraient alors décidé de faire appel à l’inspecteur de l’Éducation nationale de leur circonscription, Jean-Pierre Martin. Pour ce dernier, "il s’agit d’une incompréhension mutuelle. Personne ne l’a fait exprès, personne n’était de mauvaise foi. Cette histoire est réglée." Il explique avoir demandé aux parents de ne pas alimenter la polémique et garantit que l’incident ne se reproduira pas.
L'Inspecteur appelle "à l'apaisement"
"Ces enseignants font un boulot fantastique, même en dehors du temps scolaire, comme c’est le cas ici. C’est, dans le pire des cas, une petite maladresse. J’appelle à l’apaisement." En effet, la loi n’imposant pas aux établissements publics de proposer des repas confessionnels, ceux-ci ne sauraient être les seuls commandés. En revanche, rien n’empêche, comme le propose Jessie Bourret, de "faire deux barbecues, quitte à acheter moins de viande non-halal". Afin que la sérénité revienne dans cette maternelle réputée, par ailleurs, très tranquille. "