" Pour le sensibiliser à leurs difficiles conditions de vie, d'anciens agriculteurs axonais ont envoyé des lettres accompagnées de miettes de pain au Président de la République. Une plainte a été déposée par l'Elysée. Henri Carton, président de section des anciens exploitants agricoles de l'Aisne, est visé par cette plainte pour offense au chef de l'État. A 73 ans, il n'a pourtant pas l'impression d'avoir commis un acte répréhensible.
Et pourtant, cet honorable retraité de la terre a déclenché avec quelques-uns de ces camarades une "affaire d'Etat". Les expéditeurs sont l'objet d'une enquête menée par le parquet de Paris. Henri Carton a même eu l'honneur d'une visite d'agents des Renseignements généraux, avec présentation des photocopies des lettres délictueuses.Pour bien comprendre les choses un petit retour en arrière s'impose
Lors de la dernière campagne présidentielle, les anciens exploitants ont envoyé des pétitions à tous les candidats. Le candidat François Hollande leur avait répondu.
"Et c'était pour se rappeler à son bon souvenir, que début novembre l'association départementale des anciens exploitants agricoles de l'Aisne avec le feu vert de leur délégation nationale a décidé d'envoyer 500 lettres au Président de la République", explique Henri Carton. "L'idée des miettes c'est pour dire que lorsque le gâteau est partagé, il ne reste que les miettes pour les retraités."
Et M. Carton de souligner qu'ils n'avaient pas le sentiment d'offenser qui que ce soit : "les auteurs des courriers écrivaient ce qu'ils voulaient, ils indiquaient leur nom et leur adresse et leur nombre d'enfants."
Une action symbolique
"Il faut trouver des idées pour se faire remarquer", explique l'ancien agriculteur, responsable syndical dans sept départements du Nord. "Comme symbole, c'était pas mal, le pain sec et les miettes. Au départ, on pensait mettre uniquement du pain sec mais c'était un peu compliqué. Donc avec nos doléances, il n'y a eu que des miettes dans les lettres."
Les miettes de trop
"Hier, [ jeudi 6 décembre] lors de la manifestation des agriculteurs à Laon, nous avons vu le préfet de l'Aisne, pour qui l'affaire était classée. Mais aujourd'hui j'ai été contacté par le commissariat de la ville préfecture, où je suis convoqué, révèle Henri Carton. Ils ont en leur possession des photocopies de huit lettres d'anciens exploitants de l'Aisne."
Cependant, Henri Carton n'est pas inquiet ; pour lui la réaction de l'Elysée est disproportionnée. "Je ne vois pas où est l'outrage." Et de poursuivre, "au moins cette affaire de miettes aura le mérite de faire parler de nous." "