" Les agressions de pompiers sont-elles en hausse?
Serge Herard, président du syndicat Avenir Secours - C'est un phénomène qui existe depuis une quinzaine d'années. Mais il est difficile de dire s'il devient de plus en plus important. Il peut y avoir des périodes de calme, puis des augmentations des agressions sans que l'on puisse le prévoir. Mais ces agressions font désormais partie du quotidien des sapeurs-pompiers.
Ces violences ont-elles lieu uniquement dans les cités sensibles?
Les sapeurs-pompiers interviennent partout et peuvent faire face à des personnes en détresse agressives. Mais cela arrive plus souvent dans les quartiers difficiles. Notre syndicat a mis en place des formations au niveau départemental et national à destination des officiers pour réagir au mieux. Ils apprennent à repérer les indicateurs qui laissent présager une agression, et à prendre les mesures adéquates pour se protéger.
Quels sont ces signes avant-coureurs?
La première des raisons est un événement extérieur à notre mission qui va créer un état d'esprit agressif. Cela peut être un accident de la route, une action de la police, un contrôle d'identité musclé. Sur le terrain, nous avons des relations privilégiées avec les policiers qui nous avertissent quand ces types d'événements ont lieu.
Êtes-vous ciblés car vous portez l'uniforme, et êtes assimilés à la police?
C'est évident. Il y a 20 ans, les «grands frères» nous protégeaient. Ils avertissaient les voyous qu'ils devaient nous laisser faire notre travail, car un jour ou l'autre, eux ou leurs mères pourraient avoir besoin des secours. Ils avaient des principes, et nous pouvions entrer sans problème dans ces quartiers difficiles, contrairement à la police. Aujourd'hui, il y a un amalgame sur les uniformes. Et on nous cible d'autant plus facilement que ces personnes savent très bien que nous ne sommes pas armés et que nous n'avons pas le droit de riposter.
Pouvez-vous être escortés par la police en cas d'intervention dangereuse?
Oui, bien sûr. Le travail interservices se fait en amont, mais aussi lors des interventions. Les services de secours et de police sont complémentaires, même si cette coordination pourrait être encore plus développée. Le nombre d'escortes sur le terrain est très variable. C'est comme les feux de forêt: il peut y avoir des années très calmes, et puis à cause d'un vent fort, les incendies se multiplient d'un coup. C'est la même logique dans les violences urbaines. Il peut y avoir de longues périodes de calme, et soudain, une poudrière.
Ces agressions ont-elles des conséquences sur les personnes en danger qui vous appellent?
Ces gens qui nous agressent se font du mal à eux-mêmes, car ils mettent en danger les personnes qui habitent dans leurs quartiers. À force d'être la cible de ces violences, les sapeurs-pompiers hésitent à intervenir. La solution n'est évidemment pas de ne plus venir du tout, car créer des ghettos serait pire que tout. Mais les délais d'intervention peuvent être plus longs qu'ailleurs, et à cause de ces agressions, des victimes ne peuvent pas être secourues. C'est une spirale négative que l'on doit réussir à stopper. "