jeudi 18 juillet 2013

QUEL EST LE PLUS GRAND NAUFRAGE APRES LE TITANIC ?


UN FRANCILIEN SUR DEUX AGRESSE EN 2012

" Selon une étude réalisée pour la région Ile-de-France rendue publique lundi 15 juillet, 55,5% des Franciliens se sentent en insécurité, soit deux points de moins qu'en 2011 (57,5%). Pourtant, ils sont plus nombreux à déclarer avoir été victimes d'actes de délinquance : 46,9% ont subi au moins une fois une agression, un vol (ou une tentative) ou une atteinte à leurs biens, contre 43% en 2011. Près d’un Francilien sur deux aurait donc été victime d’un acte de délinquance. 

Ce chiffre traduit-il un abandon total de certains territoires ? Christophe Soullez : Non, je ne crois pas que nous puissions raisonner de cette manière. Ce chiffre regroupe plusieurs types d’infractions qui ne revêtent pas le même niveau de gravité. Comme pour les statistiques administratives sur les crimes et délits enregistrés par les services de police et les unités de gendarmerie il est indispensable de sortir du chiffre unique et de distinguer les faits selon les caractéristiques des infractions. Une agression physique ou un viol n’ont rien à voir avec un vol à la tire ou avec une tentative de cambriolage. L’enquête menée par la région Ile-de-France révèle, en revanche, une hausse de certains types de délinquance qui avaient déjà d’ailleurs été mis en exergue par l’enquête nationale "Cadre de vie et sécurité" INSEE-ONDRP comme les cambriolages et les vols sans violence. Ces hausses sont également visibles dans la statistique administrative. Sur d’autres types de faits, comme les vols avec violences, cette publication donne trop peu de détails car il est mentionné des "agressions tout venant" sans que nous sachions exactement ce que contient cette rubrique à l’intitulé un peu baroque. Pour répondre à votre question dire que certains territoires sont abandonnés reflète une vision très pessimiste de la situation. Les services publics de la sécurité sont présents partout et tentent, dans la mesure de leurs moyens, de répondre aux sollicitations des habitants et, parfois, dans des conditions très difficiles. Depuis plus de 30 ans, l’Etat a consacré d’importants moyens financiers à la rénovation de certains quartiers, notamment en Ile-de-France, et à l’amélioration du cadre de vie de leurs habitants, certes, avec plus ou moins de succès et surtout avec une absence d’évaluation. En revanche, il est vrai que certains territoires sont beaucoup plus criminogènes que d’autres et qu’ils concentrent une part importante des délits et/ou des auteurs (qui ne commettent pas tous leurs délits dans leur quartier d’habitation). On sait aussi que des quartiers sont l’enjeu de lutte de territoire entre certaines bandes se livrant à du trafic de stupéfiants et que, dans ceux-ci, l’intervention des forces de l’ordre est difficile et les conditions de vie dégradées.   

Mohamed Douhane : Le sentiment d’insécurité qui frappe la population française est complexe car il combine l’insécurité vécue et la perception de cette insécurité parfois fondée sur de simples impressions. En effet, il est toujours difficile de distinguer ce qui relève du fantasme et ce qui relève de la réalité. Néanmoins, le second chiffre (46,9% des Franciliens déclarent avoir été victimes d'actes de délinquance) est révélateur d’une progression des délits contre les personnes qui est une réalité depuis plusieurs années en Ile-de-France. Pour autant, parler d’abandon de ces territoires par l'Etat me semble excessif. Contrairement à ce que l'on entend parfois,  l’Etat n’a pas démissionné de ses missions régaliennes. Dans le domaine de la sécurité, comme dans d’autres domaines, on ne peut pas dire que la France est un pays sous-administré. 

Comment prétendre le contraire lorsque l’on sait que notre pays compte plus de 5 millions de fonctionnaires et que son administration est une des plus structurées du monde ? 

La réalité c'est que l’administration française est malade de sa bureaucratie. Nous ne pouvons ignorer que "le mille-feuilles administratif" paralyse l’action publique et l’enchevêtrement des dispositifs nuit à la mise en place d’une véritable cohérence. La conséquence directe, c’est une mutualisation des moyens insuffisante, notamment en matière de sécurité. La gendarmerie nationale a intégré le ministère de l’Intérieur en 2009. Il y a eu un certain rapprochement entre cette institution et la police, mais à ce jour il y a toujours une difficulté à harmoniser les pratiques, les modes d’intervention ainsi que les structures administratives. Je plaide pour la mise en place de véritables directions départementales de la sécurité intérieure qui regrouperaient des unités mixtes (police/gendarmerie) sous un commandement unique. On pourrait ainsi faire disparaître des doublons et outre gagner en efficacité, nous pourrions faire énormément d’économie. Contrairement à certains discours misérabilistes, les moyens en personnel et en matériel existent dans notre pays, y compris dans les quartiers difficiles, mais nous avons un réel problème de gouvernance qui ne date pas d'aujourd'hui. 

Quels sont les autres symptômes de cet abandon ? 

Christophe Soullez : Ces territoires sont particulièrement exposés à la délinquance et il peut exister des "poches" au sein desquelles les interventions des services publics sont risquées et surtout ne peuvent être réalisées dans les mêmes conditions et avec les mêmes moyens que dans d’autres quartiers. Ce sont notamment des lieux où on observe un très fort enracinement du trafic de stupéfiants. Il est vrai que, sans parler de démission des forces de l’ordre, sur ces territoires le travail policier est usant, souvent dangereux et parfois décourageant. La tension est permanente. Les fonctionnaires de police agissent toujours sur le fil du rasoir car le moindre petit incident peut avoir des répercussions importantes et être à l’origine d’émeutes. Les prises à partie sont assez fréquentes et s’inscrivent dans une logique d’affrontements entre les représentants de l’Etat et ceux, une minorité dans ces quartiers, qui aspirent à instaurer leur propre ordre, contraire aux valeurs de l’Etat de droit et reposant sur des activités criminelles et des organisations dominées par des rapports de force. 

Mohamed Douhane : A mes yeux, les deux phénomènes les plus préoccupants en matière d'insécurité sont l’explosion des violences urbaines depuis une trentaine d’années et la délinquance des mineurs qui est aujourd'hui un phénomène de masse. Les violences urbaines ont commencé à la fin des années 1970 dans la banlieue lyonnaise avant de se développer sur tout le territoire jusqu’à connaître leur point d’orgue durant les émeutes de 2005. Ces violences révèlent une véritable difficulté à vivre ensemble sur certains territoires ainsi que l’incapacité des pouvoirs publics à apporter des réponses durables et efficaces face à des violences commises par une minorité de délinquants qui ne respectent rien et qui prospèrent sur l'économie souterraine. Quant au problème de la délinquance des mineurs, nous devons comprendre que ce n’est pas qu'un simple problème de sécurité, mais aussi un problème d’éducation, de Politique de la ville et d’insuffisances de la justice des mineurs.   

Quelles en seront à long terme les conséquences sur ces territoires mais aussi plus largement sur l'image de l'Etat qui peut donner l'impression d'avoir démissionné et de trouver acceptable que l'on sape son autorité ? 

Mohamed Douhane : Il y a une perte et un délitement des valeurs morales dans ce pays. Il est aujourd’hui urgent  de remettre au goût du jour la morale républicaine basée sur les droits mais aussi les devoirs de chacun et renforcer les institutions qui ont un rôle important à jouer en matière de socialisation : la famille, l’école et l’armée dont on connait le rôle historique en matière de cohésion nationale. Malheureusement, depuis plusieurs décennies, ces institutions sont contestées et remises en cause. Et la société française en subie les conséquences sur le plan de sa cohésion. A terme, on peut redouter une forme de découragement au sein des forces de l’ordre confrontées à des délinquants multirécidivistes toujours plus violents et plus jeunes parce qu'on ne peut nier que la réponse pénale n’est souvent pas à la hauteur. Tous ces phénomènes sont aussi de nature à déstabiliser les enseignants qui dans les quartiers difficiles travaillent la peur au ventre et doutent souvent de leur mission.   

Christophe Soullez : Il faut bien entendu faire en sorte de ne pas laisser ces quartiers dériver. L’autorité de l’Etat doit pleinement s’y exercer, avec des moyens adaptés et une volonté clairement affichée. Par exemple, si des équipages de police sont victimes de jets de pierres, alors très peu de temps après les faits, les forces de l’ordre doivent revenir en nombre dans le cadre d’opérations de contrôle, afin de montrer que l’Etat est bien présent sur ce territoire. 

Va-t-on assister à l’exode massif de certaines populations ? Se dirige-t-on vers un véritable apartheid territorial ? 

Christophe Soullez : Malheureusement ce phénomène n’est pas nouveau. Cela fait déjà plus de trente ans que certains quartiers perdent une partie de leur population, et notamment les classes sociales intermédiaires, entrainant ainsi une plus forte paupérisation de certains territoires. Je vous rappelle que la Politique de la Ville a débuté en 1976 et qu’elle avait notamment pour objectif de favoriser la mixité sociale et éviter la "ghettoïsation". Malheureusement, elle n’a pas permis d’atteindre tous ces objectifs et il beaucoup trop de quartiers se sont renfermés sur eux-mêmes.

 Mohamed Douhane : L’apartheid territorial est déjà une réalité. Dans de nombreux quartiers autour des grandes villes, il y a une concentration de populations durement frappées par la crise économique et qui en plus subissent l’insécurité au quotidien. Il est donc évident que de nombreuses familles quittent ce territoire dès qu’elles en ont la possibilité pour fuir la violence et l’échec scolaire. Il y a une fuite des classes moyennes de ces quartiers-là. Les classes moyennes d’origine étrangère, au même titre que celles de "souche européenne", quittent sans hésitation ces territoires afin de donner une meilleure éducation à leurs enfants. Est-il encore temps d'inverser la tendance ? Comment ? 

Christophe Soullez : Oui… Et heureusement… D’une part, la lutte contre les bandes ou les organisations criminelles demande du temps, des ressources et surtout un bon fonctionnement de la chaîne pénale. La question de la sécurité dans les quartiers difficiles ne relève pas que des policiers ou des gendarmes mais également des fonctionnaires du ministère de la Justice, magistrats ou personnels de l’administration pénitentiaire. Il est donc indispensable d’aborder les politiques publiques de sécurité mises en œuvre dans le cadre d’une approche transversale.  

D’autre part, dans un Etat de droit, les procédures judiciaires contre des personnes doivent reposer sur des faits et des preuves. Or, les réunir demande du temps et souvent un investissement important. L’Etat devrait privilégier l’activité judiciaire des policiers et des gendarmes. Toutes les études anglo-saxonnes ont montré que ce n’était pas en multipliant les patrouilles sur la voie publique que la délinquance baissait. Il faut une présence visible des services de police mais ce n’est pas elle qui permettra de mettre un terme à la "sanctuarisation" de certains quartiers par les trafiquants. Seule des actions judiciaires menées en profondeur, le démantèlement des réseaux, l’interpellation et la condamnation des principaux protagonistes des trafics sont susceptibles d’inverser la tendance. Cette action passe aussi par des mesures qui, depuis quelques années semblent démontrer leur efficacité : les procédures mixant le judiciaire et le fiscal, la confiscation du patrimoine des trafiquants et d’importantes sanctions pécuniaires. On pourrait également imaginer que l’Etat concentre d’importants moyens, toutes administrations confondues, sur seulement quelques quartiers - les plus criminogènes - et durant le temps nécessaire à la reprise en main de ceux-ci. Il faudrait rompre avec notre sacro-saint principe d’égalité des territoires. Dans les pays anglo-saxons, ils n’hésitent pas durant des mois, voire des années, à déployer des moyens très importants sur des territoires ciblés et jusqu’à l’obtention des résultats recherchés. Ils ont une démarche plus pragmatique que nous. En France, nous voulons toujours tout généraliser, parce qu’il faut faire plaisir à un maximum d’élus et surtout donner l’impression qu’aucun territoire n’est oublié. Sauf que, finalement, à vouloir satisfaire tout le monde, on disperse et on dilue les moyens d’où une absence ou une perte d’efficacité. En général un traitement ciblé et adapté à chaque situation fonctionne mieux qu’un traitement généralisé et homogène. 

Mohamed Douhane : Il faut refuser la fatalité. Il est possible d’apporter des réponses pragmatiques. Mais on doit tout d'abord reconnaître que notre société a besoin d’autorité. L'autre urgence est de renforcer les différents maillons de la chaîne d’autorité que sont les parents, l’école, les institutions régaliennes de la sécurité, mais aussi la justice. S'il faut privilégier les réponses éducatives et réparatrices pour les primo-délinquants, il est nécessaire de réaffirmer la sanction pénale pour les délinquants récidivistes. La punition a toujours une vertu pédagogique. Sur le plan de la prévention, les parents doivent être en première ligne. Il est impératif de soutenir les parents défaillants tout autant que d’être ferme avec les parents démissionnaires. Enfin, il faut mettre en place des dispositifs en direction des parents d’origine immigrée, notamment des dispositifs d’alphabétisation. 

Existe-t-il une réelle volonté pour sortir de cette impasse ou au contraire l’Etat cherche-t-il à circonscrire tous les problèmes d’insécurité sur quelques territoires ? Mohamed Douhane : La volonté politique existe, mais nous sommes trop souvent englués dans des approches bureaucratiques qui découragent les plus volontaires et nuisent à l’efficacité globale. L’Etat providence des années 1950 est mort et la culture de la dépense doit désormais laisser place à la culture de l’efficacité. Il faut aussi essayer de mettre en place des programmes qui fassent l’objet de véritables évaluations. Lorsqu’on voit les milliards investis dans la Politique de la ville depuis 30 ans pour les résultats somme toute assez décevants, il y a de quoi désespérer. L’Etat ne peut se satisfaire en France de l’existence de ghettos ou du développement de territoires qui concentreraient tous les maux de la société. Il ne faut pas oublier que l’insécurité a un coût économique considérable. Les ghettos accroissent non seulement les inégalités sociales, mais ont aussi un effet négatif sur le développement économique du pays. Il est donc urgent de s'y attaquer à bras le corps. "

BAISSE DU TAUX DU LIVRET A : C'EST FAIT !

" PARIS (Reuters) - Le taux du livret A et du livret de développement durable sera abaissé à 1,25% le 1er août contre 1,75% actuellement pour tenir compte du net ralentissement de l'inflation, à annoncé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici.
Il rejoint en cela la proposition du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui avait proposé la semaine dernière de baisser le taux à ce niveau.
Christian Noyer avait précisé que la formule de calcul du taux devait conduire à l'abaisser à 1% mais qu'il considérait que cette variation était forte et que ce niveau aurait été inédit, ce qui justifiait de déroger à la stricte application de la formule. "


A quand la prochaine baisse... ?

LES DEPENSES DE L'ASSEMBLEE NATIONALE ONT AUGMENTEE DE 2.8% EN 2012

" L'Assemblée Nationale détaille ses comptes pour la première fois. Leur relevé publié sur son site Internet fait apparaître que ses dépenses ont augmenté de 2,8% en 2012, à 541,7 millions d'euros. Cet accroissement est lié aux élections législatives de juin 2012: principalement les indemnités de licenciement de 839 collaborateurs de députés battus et des travaux réalisés au Palais Bourbon durant la campagne électorale, quand les parlementaires ne siégeaient pas.

L'institut a baissé sa dotation budgétaire de l'Etat de 3%, à 517,9 millions d'euros, le Palais Bourbon a dû, pour équilibrer son budget, compter sur quelques recettes propres, mais surtout puiser à hauteur de 17,6 millions d'euros dans ses réserves. La publication de l'ensemble des comptes, décidée par le bureau de l'Assemblée, "répond à un souci de transparence totale".

Au-delà de tout ce qu'on dit sur le train de vie de l'Assemblée, les comptes montrent que nous prenons toute notre part de la rigueur nécessaire", a déclaré à l'AFP Bernard Roman (PS), le premier des trois questeurs de l'Assemblée, députés en charge des finances du Palais Bourbon.

Depuis une dizaine de jours, sans que cela ait donné lieu à une annonce particulière, la rubrique "découvrir l'Assemblée" du site internet de cette institution comporte une section "comptes de l'Assemblée", sur laquelle sont notamment publiés les rapports des questeurs, des experts-comptables et de la commission parlementaire spéciale chargée de vérifier les comptes. Jusqu'à présent, seul ce dernier rapport, le plus succinct, était publié. "


Chapeau pour les économies... !

LE PC SE MOQUE DE L'UMP

" Une section du PCF du Rhône a décidé de participer à la souscription nationale lancée par l'UMP en lui faisant un don de... un euro.
C'est un soutien pour le moins inattendu que le «Sarkothon» vient d'enregister. La section du Parti communiste (PCF) d'Oullins, dans le Rhône, a décidé de faire un don de... un euro à l'UMP afin de participer au «redressement» du parti. Les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy ayant été invalidés par le Conseil constitutionnel, l'UMP a jusqu'au 31 juillet pour trouver 11 millions d'euros. Une souscription nationale a été lancée.
«Comme tous les Français, nous avons appris vos déboires financiers à la suite de l'invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, sur décision du Conseil Constitutionnel (pourtant essentiellement composé de membres nommés par la droite)», écrit Bernard Mantelet dans un courrier adressé à la Fédération du Rhône de l'UMP. «Ce qui fait la force de notre pays, c'est son système de solidarité... dont vous avez ici un échantillon», ironise le secrétaire de la section. Ce dernier a joint à sa lettre un chèque de... un euro qui, espère-t-il, «aidera à remonter cette pente savonnée par le Conseil constitutionnel». "

EXPLOSION DES VOLS EN GRANDES SURFACES

" Selon le baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution (GRTB) de Checkpoint system, les vols dans les rayons des magasins auraient coûté en 2011 près de 4,9 milliards d’euros aux distributeurs français. Ce chiffre représenterait une augmentation de 2,9% par rapport à l’année précédente. Que penser de ces données ? Cette tendance est-elle toujours d’actualité ?

Christophe Soullez : Les données fournies par des organismes dont l’activité principale est de vendre des dispositifs de protection contre les infractions dont on annonce la hausse sont toujours à prendre avec précaution. Pour de telles entreprises, et parce qu’elles ont besoin de vendre leurs produits, elles ont plutôt intérêt à dire que le phénomène est en hausse afin que les commerces s’équipent de plus en plus.

D’une part, on sait que les vols à l’étalage sont des infractions qu’il est assez difficile de quantifier car les politiques de dépôt de plainte des différentes enseignes commerciales ne sont pas les mêmes. Dans certains cas, pour des produits à faible valeur ajoutée, il n’y aura pas de dépôt de plainte. Il peut aussi arriver que si une personne est interpellée en flagrant délit de vol, les responsables du magasin décident de ne pas déposer plainte dès lors que la personne a rendu le produit et ne s’est pas mal comportée.

D’autre part, et bien que le sujet soit tabou, de nombreux vols ont pour auteur des employés. C’est qui est appelé la démarque inconnue. Il y a très peu d’informations sur ce phénomène et il est pourtant bien réel.

Si on regarde les statistiques administratives, c’est-à-dire les vols à l’étalage enregistrés par les services de police et les unités de gendarmerie et qui ont donc fait l’objet d’une plainte, on observe, au contraire, une baisse des procédures de 4,5 % (67 529 faits en 2011 contre 70 764 en 2010). Sur la période 1996-2012, le nombre de faits constatés oscille entre 50 000 et 70 000.

Bien que la grande distribution refuse de communiquer sur la question, certains éléments, comme l’apparition d'antivols sur la viande ou la mise sous clefs de certains produits alimentaires, soulèvent des questions. La nourriture est-elle en première ligne ? 

Christophe Soullez : Actuellement, il est quasi impossible de disposer d’informations précises sur la nature des biens volés. Toutefois, dans un contexte de crise économique, d’aggravation du chômage et de précarité, et dans la mesure où certains produits alimentaires ont un coût élevé, il n’est pas illogique de penser que le secteur de l’alimentation soit devenu la cible de certains voleurs, qu’ils soient externes ou internes à l’entreprise.

Jean-Pierre Corbeau : Il y a en effet des endroits où l’on constate ce phénomène. Le plus surprenant néanmoins est que les délinquants ne sont pas forcément les plus nécessiteux. Il est important de ne pas faire cette erreur d’analyse. En effet, au sein des couches populaires, la nourriture n’est pas prioritaire parmi les postes de dépenses. Elle est reléguée au profit de choses qui peuvent paraître plus superflues.

Les populations qui se livrent à ce genre d’actes sont dans des "logiques de marque", particulièrement pour les produits à destination des enfants. Les parents se disent que leurs enfants ont droit aux mêmes marques que leurs camarades d’école. Cela concerne les sucreries hors-repas, en raison de la logique marketing, ou encore la viande, marqueur social. Enfin, il existe des logiques que je qualifierais d'"apéros" ou de "goûters" dans les magasins. Ainsi, je ne dirais pas que le pourcentage de gens  précaires pratiquant le vol augmente mais comme le pourcentage de Français précaires augmente, les actes délictuels de ce genre augmentent mécaniquement. Cependant, l’abattage clandestin et les réseaux parallèles de revente de viande sont davantage à craindre que les vols à l’étalage. Les vols dans les supermarchés seraient donc plutôt motivés par une logique de "bonus" plutôt que de nécessité... 

Christophe Soullez : Je pense que les deux hypothèses sont envisageables et se rejoignent d’ailleurs. Si de plus en plus de familles ou d’individus ont des difficultés à se nourrir correctement, notamment avec des produits coûteux mais nécessaires à l’équilibre alimentaire, il n’est pas illogique que le phénomène des vols alimentaires augmente. Toutefois, comme je l’indiquais, les informations dont nous disposons sont assez peu précises pour pouvoir répondre avec certitude. 

Jean-Pierre Corbeau : La première chose est que le budget alimentaire est actuellement devenu le budget d’ajustement du foyer. Le coût de la téléphonie, de l’Internet et globalement de l’accès aux médias et aux produits culturels est incompressible, de la même manière que le loyer. 

Ainsi, c’est le budget alimentaire qui est touché. Au-delà des véritables vols de nécessité, on trouve des gens, souvent pas les plus pauvres, qui décident sciemment de réduire leur budget alimentaire puis qui se livrent à des vols de "bonus". L’énergie aussi est souvent ajustée mais cela est également directement lié à la consommation alimentaire puisque bien souvent ce sont les frigos et les congélateurs qui sont coupés. 

Or, cela conduit les foyers à consommer des produits frais qui sont plus chers ou au contraire à ne se nourrir que de produits de longue conservation dont la consommation excessive n’est pas très bonne pour la santé. Ainsi, en cas de précarité, l’alimentation n’est plus considérée comme prioritaire, il s’agit d’une logique d’organisation consciente. 

Dans les couches moyennes en phase de paupérisation, les priorités se situent au niveau de la téléphonie et accès à internet. On retrouve dans les enseignes plus onéreuses comme Monoprix des gens à fort pouvoir d’achat se font prendre à nourrir leurs enfants. Et cela n’a rien à voir avec des questions de niveau social. La France est, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni, le troisième pays le plus touché d’Europe par les vols en grande surface. Comment l’expliquer ? Jean-Pierre Corbeau : La France est l’un des pays d’Europe dans lequel la grande distribution est la plus développée, ce qui entraîne naturellement une augmentation des vols. En effet, qui dit grande surface, dit peu de personnels pour des espaces commerciaux immenses et donc une plus grande tentation de commettre des actes de délinquance. On constate effectivement que ce genre de rapines se produit moins souvent dans les petites épiceries, particulièrement la consommation sur place. Bien que la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni soient des économies puissantes, ce sont aussi celles qui ont développé une importante inégalité sociale. Ce phénomène renforce l’envie d’accéder aux marques et aux produits de "riches", bien que la notion soit toute relative. 

Il s’agit d’ailleurs là d’un des plus grands paradoxes de la sociologie moderne que beaucoup de gens essaient de régler par le biais de l’éducation alimentaire : les gens les moins aisés sont ceux qui gaspillent le plus d’argent dans leur manière de s’alimenter. Ils ne consomment pas de manière saisonnière et achète souvent moins de marques de distributeurs que les gens les plus aisés qui ne ressentent pas le besoin d’acheter des marques alimentaires pour ce qu’elles représentent. "

DES POLICIERS AGRESSES AU COURS D'UN INCENDIE A PARIS

" Plusieurs policiers ont été pris pour cible, dimanche 14 juillet, à Paris, dans le XIXe arrondissement, alors qu’ils procédaient à l’évacuation d’un immeuble dans lequel un incendie était en train de se propager. Les faits se sont déroulés rue de Cambrai. Alors que les fonctionnaires venaient d’évacuer un immeuble de sept étages où un feu s’était déclaré sur un balcon, ils ont été pris à partie par un groupe de jeunes gens. 

Les policiers, qui se trouvaient encore avec les habitants de l’immeuble évacué - parmi lesquels des enfants - ont essuyé plusieurs jets d’engins pyrotechniques, de type mortier, mais aussi de bouteilles et de pavés. Les fonctionnaires ont alors dû utiliser à plus d’une dizaine de reprises leur pistolets à balles en caoutchouc pour repousser leurs assaillants. 

«Ces fonctionnaires ont été agressés alors qu’ils venaient de sauver des vies, précise Luc Poignant, du syndicat Unité-SGP-Police, première organisation syndicale chez les gardiens de la Paix. Cette affaire illustre, s’il en est encore besoin, la difficulté d’exercer le métier de policier».
Une enquête a été ouverte pour tenter de retrouver les agresseurs. "


Et ça continue....