" Jean Marc Ayrault répondait à une interview du Parisien ce dimanche, et notamment à la douloureuse question du chômage. Le parisien : « C’est si dur de dire « on a échoué » ? Jean Marc Ayrault : « On a mis le paquet là où c’était le plus difficile : sur le chômage des jeunes. ».
En quelques mois, et malgré l’aggravation générale des chiffres de l’emploi, le gouvernement est parvenu à se faire entendre sur un point : le chômage des jeunes a baissé. Selon les données Eurostat, la catégorie en question est passée de 26,1% en janvier 2013 à 25,4% en janvier 2014. Ce qui permet déjà de se faire une idée de ce que veut dire « on a mis le paquet ».
Mais le chômage des jeunes, c’est-à-dire des moins de 25 ans, n’obéit pas exactement à la même logique que pour le reste de la population. En effet, alors que la catégorie plus âgée des 25-49 ans est considérée comme population active à plus de 90%, les jeunes ne sont actifs que pour moins de 40% d’entre eux. Les jeunes sont « à leurs études », en formation, en stage, mais ne sont actifs qu’à hauteur de ces 40%. Le taux de chômage ainsi considéré de 25%, correspond alors à un chiffre proche de 10% de la classe d’âge. Cette difficulté statistique rend la mesure du taux de chômage un peu plus aléatoire et il convient dès lors de vérifier les chiffres dans leurs détail. Cet exercice peut être réalisé en s’intéressant au nombre de « jeunes » au chômage, chiffre publié mensuellement par la DARES. (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, dépendante du ministère de l’emploi)
Depuis le début du quinquennat Hollande, et malgré une baisse sensible du nombre de jeunes chômeurs au printemps 2013, le nombre de personnes concernées ne semble pas avoir baissé pour la catégorie A. La recrudescence du chômage jeune atteint en réalité un point haut en janvier 2014 avec 592 000 personnes représentées. Il est vrai en baisse par rapport aux 600 000 de janvier 2013. Soit une baisse de 1,33% (« on a mis le paquet »).
La communication gouvernementale semble alors se baser sur la baisse effectivement du printemps, mais comme nous pouvons le constater dans le graphique ci-dessous, cette baisse « conjoncturelle » s’opère chaque année.
Il est alors plus pertinent de s’intéresser à la tendance réelle de la courbe, notamment en prenant les mêmes chiffres en glissement annuel, ce qui permet d’en évacuer la « saisonnalité ». Ici encore, l’inversement de la courbe n’est ni effective, ni perceptible.
Cette réalité est la même en considérant l’ensemble des catégories ABC du chômage.
Rien à faire. La répétition des annonces ne semble pas provoquer l’effet escompté.
Reste à s’intéresser à la situation des plus fragiles, censés être le cœur de cible d’un pouvoir prêt à en découdre. Il s’agit des jeunes chômeurs de longue durée, voir même de très longue durée. Le graphique suivant permet de se faire une idée de l’impact de la politique menée sur les personnes de moins de 25 ans et qui sont au chômage depuis plus de 3 ans. Car le record absolu est atteint en janvier 2014 soit 84 300 personnes.
Malgré la réalité des chiffres, le gouvernement persiste à communiquer sur le chômage des jeunes, et sur la prétendue efficacité de ses réformes en cette matière. Cette communication a été suffisamment bien menée pour permettre d’installer l’idée d’une réussite sur ce front et d’en faire une sorte d’étendard prouvant que « tout n’est pas perdu ». La décence n’est vraiment pas de mise. « On a mis le paquet ». "