" Ce qu'espère le président de la République pour 2014...
Cela pourrait ressembler à une lettre au Père Noël. Mais dans une France étranglée par un chômage de masse depuis les années 80 et engluée dans une crise profonde depuis 2008, les hommes politiques ont depuis longtemps perdu espoir dans les cadeaux tombés du ciel. Ils espèrent seulement des lendemains un peu plus roses. Alors que François Hollande va s’adresser aux Français mardi soir pour ces traditionnels vœux, 20 Minutes fait le tour des espérances du chef de l’Etat, plus que jamais à la recherche d’un second souffle.
La véritable baisse du chômage
L’inversion de la courbe du chômage avant la fin 2013. Un engagement de campagne puis une promesse de président annoncée devant les français à l’été puis lors d’une interview sur TF1 en septembre 2012. Parole non tenue. Car si le chômage a baissé en octobre [-20.500], il est reparti à la hausse en novembre [+17.800]. Les conseillers élyséens multiplient les éléments de langage alpestres («Nous atteignons le plateau», «Il faut maintenant basculer de l’autre côté du col»), les Français attendent encore une baisse sur plusieurs mois consécutifs. «L’inversion de la courbe du chômage est bien amorcée. Les chiffres du chômage pour le mois de novembre viennent atténuer ceux du mois d’octobre, mais ils ne modifient pas la tendance. La diminution durable du chômage est désormais à notre portée», a estimé il y a quelques jours le chef de l’Etat.
Le retour de la croissance
Corolaire du premier point, le retour d’une croissance est indispensable si François Hollande veut enclencher son deuxième temps du quinquennat qu’il avait prévu pour 2014 (pendant la campagne, il avait annoncé deux ans de redressement puis trois ans de redistribution). «Cette bataille [celle du chômage], pour être gagnée, suppose d’amplifier la reprise de la croissance économique à travers le soutien à l’investissement des entreprises», a-t-il répété en fin de semaine dernière. Sauf que la majorité a beau multiplier les aides aux entreprises (Crédit compétitivité qui a fait grincer à gauche), la croissance reste atone. +0,6% au deuxième trimestre, - 0,1% au troisième trimestre, sans doute +0,4% pour le dernier trimestre selon l’Insee. Au total, sur l'année, la croissance devrait être de 0,2%. La faute à une rigueur budgétaire, selon la gauche de la majorité qui ne comprend pas cette politique de rigueur (baisse de la dette par rapport au PIB de 0,8 point entre juin 2013 et fin septembre). La faute à la pression fiscale, selon la droite. La réforme fiscale voulu par Ayrault et la conjoncture mondiale permettront-elles de relancer enfin l’économie?
Contenir le FN
2014 sera une année électorale. L’année du FN? Profitant de la crise, du désamour créé par la majorité et de la cacophonie à l’UMP, le FN cartonne dans les sondages. Selon certaines études notamment celle de l’Ifop, le FN, qui présente plus de 600 listes aux municipales, pourrait réaliser plus de 40% au premier tour dans 75 villes et en remporter une dizaine dans le Pas-de-Calais et quelques-unes dans le Sud-Est. L’autre inquiétude est un sondage réalisé encore par l’Ifop pour le Nouvel Observateur qui place le FN en tête des Européennes. Ce résultat serait inédit dans l’histoire de la Ve République. A part des meetings contre les extrémismes et la répétition d’éléments de langage, le PS cherche toujours la façon de contrer une possible vague brune. Hollande espère plus que tout des signes de reprise économique avant les échéances pour tarir la poussée FN.
Un gouvernement enfin uni
Ayrault recadre ses troupes à l’Assemblée. Hollande râle en Conseil des ministres. Le calme dans les rangs dure quelques jours. Puis Manuel Valls fait des déclarations sur les Roms qui ne veulent pas s’intégrer. Cécile Duflot le tacle. Arnaud Montebourg prône le gaz de schiste. Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve apprennent des nominations à Bercy par la presse. Si les couacs rythment traditionnellement la vie de la Ve République, le chef de l’Etat a un besoin urgent de ressouder son équipe dont les tendances individualistes énervent les parlementaires. Un remaniement? Envisagé après l’Affaire Leonarda, Ayrault a sauvé sa peau avec son idée de réforme fiscale. Hollande avait toujours envisagé de changer de Premier ministre avant le temps II du quinquennat, donc peut-être après les échéances électorales de 2014. Quoi qu’il en soit, remaniement ou pas, la façon de gouverner de Hollande (plusieurs personnes sur les mêmes dossiers, flou avant de trancher en dernier recours, etc) ne favorise pas la discipline.
Eviter le bourbier africain
Engagée au Mali et en Centrafrique, l’armée française est sur plusieurs fronts. La gestion de ces crises est l’un des aspects de la présidence Hollande apprécié par les sondés. Reste à espérer que les situations militaires ne s’enlisent pas (notamment en Centrafrique) et que la France, délaissée par ses partenaires européens, ne soit pas forcée d’intervenir à chaque fois qu’une crise touche un pays d’Afrique francophone. "