Radouane, 28 ans, forçait, sous la menace, sa jeune épouse à se prostituer. Les faits s’étaient déroulés entre juin et juillet derniers à Vic et Montpellier, alors que la victime était encore lycéenne. Les passes variaient avant cela entre 30 € et 150 € et lui auraient rapporté quelque 10 000 €.
"Tu pars, tu fais des sous, sinon je vais te tuer !"
Voilà le genre de menace dont était coutumier Radouane à l’endroit de sa jeune épouse. Et que ce Montpelliérain de 28 ans avait, entre les mois de juin et juillet derniers, forcé à se prostituer. Et si les mots n’y suffisaient pas, l’époux idéal avait, par-devers lui et pour appuyer son argumentaire, un brise-vitre et un couteau. Il y avait les coups aussi. Mais pour ne pas trop marquer sa marchandise de femme, il frappait à dessein.
10 000 € en un mois
Jusqu’à ce jour de juillet. Lorsque la jeune fille a décidé de déposer plainte. Et ce, après avoir tenté d’augmenter ses tarifs pour décourager les clients de la choisir. Un subterfuge dont s’était rapidement rendu compte le mari. Lequel était alors entré dans une colère noire et s’était mis à cogner la jeune femme avant de tenter de l’étrangler. Des marques et ecchymoses ensuite mises au jour par un médecin légiste.
Un casier déjà noirci par huit condamnations
Les passes variaient avant cela entre 30 € et 150 €. Ce qui, en un gros mois, aurait rapporté à son bourreau quelque 10 000 €. De l’argent que les enquêteurs n’ont jamais retrouvé. Et que le prévenu, dans le prétoire de la correctionnelle, face à la présidente Laporte, jure ne pas avoir secrètement placé dans une banque marocaine.
Reste à comprendre comment une lycéenne de 19 ans, en terminale professionnelle, a ainsi pu tomber entre les griffes d’un garçon qui, quelques jours avant leur première rencontre et leur mariage quelques semaines plus tard, purgeait une énième peine de prison et dont le casier était déjà noirci par huit condamnations (vols, aggravés ou non, en réunion, violences avec arme...).
Bref, un humaniste. Vivant des minima sociaux depuis 2010, après avoir enchaîné des contrats par intérim dans le BTP ou l’automobile. Et que des témoins disent avoir vu, tant du côté de Vic-la-Gardiole, que du quartier des Arceaux, conduire la victime sur ses lieux de passes. Et une fois sur place, l’intéressé attendait patiemment dans sa voiture le retour de sa gagneuse.
"Mais elle faisait ses trucs en cachette, j’en sais rien"
Déni total. Jusqu’au bout des débats, Radouane a nié. Nié s’être drapé dans les oripeaux du proxénète d’opportunisme. Mais ayant apparemment du mal à défendre sa position. Preuve, lâchée tout-à-trac : "Non, aujourd’hui, je ne nie pas les faits, je les conteste, c’est tout ! Elle ne m’a jamais remis d’argent. Mais elle faisait ses trucs en cachette, j’en sais rien. Elle est très jalouse, elle me provoque, elle ramène des mecs."
- "Et vous acceptez cela ? Pourtant, vous êtes un bon chrétien si je puis dire, vous faites le ramadan", objecte la magistrate.
- "Comme elle refusait la rupture, elle a décidé d’en découdre", poursuit le prévenu.
- "Aujourd’hui vous niez tout en racontant n’importe quoi !", s’agace la présidente.
- "Il m’a empêché d’avoir un téléphone, de voir ma famille, mes copines, d’avoir une vie normale. Là, j’ai repris mes études au lycée où j’étais", raconte la victime à la barre.
"Tu peux faire de l’argent avec ton corps"
Laquelle aurait, peut-être, pu imaginer ce qui allait se passer. Lorsque, quelques mois plus tôt, son mari lui avait lancé tout de go : "T’es jeune, t’es belle, bien foutue. Tu peux faire de l’argent avec ton corps." Soit un ensemble de faits, "odieux comme l’est l’attitude de monsieur", constate l’avocate de la jeune femme.
Un "avilissement de la personne, une atteinte profonde à la dignité humaine", estime le représentant du parquet. Lequel, "face au caractère ignoble de son comportement (celui du prévenu, NDLR)", requiert trois ans ferme, assortis d’un mandat de dépôt sur l’audience.
"Il avait découvert qu’elle s’adonnait à cette activité. Il ne l’a pas contrainte. Son erreur a été de ne pas la sortir de là", plaide le conseil du jeune homme.
Un argumentaire qui n’a pas convaincu les magistrats, qui ont suivi point par point les demandes du parquet. Provoquant l’ire des proches du prévenu. Et dont certains ont alors directement menacé de représailles la victime, avant d’être évacués par des policiers appelés en renfort...
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