" "On baisse les persiennes, on a peur des vols" : à Croix (Nord), le climat est tendu dans les rues voisines d'un terrain privé occupé depuis deux mois par quelque 200 Roms originaires de Roumanie.
"Je ne parle plus à la presse, j'en ai marre!", lance un jeune homme, exaspéré par l'agitation médiatique autour des Roms et de ce campement à proximité de sa maison, située dans la rue la plus proche, à quelques mètres seulement d'enfants Roms qui jouent au foot avec un ballon élimé.
"Tout le monde est révolté, toute la rue a signé la pétition (pour l'évacuation du camp), affirme ce jeune homme qui a requis l'anonymat. Il serait temps qu'ils fassent quelque chose!".
"Comment je vais vendre ma maison avec eux en face? Ils ne sont pas discrets du tout. On attend qu'ils s'en aillent", confie un autre voisin, qui préfère également rester anonyme.
"On baisse les persiennes, on a peur des vols", avance une vieille dame, tout en précisant qu'on ne peut pas rendre les Roms responsables de tous les vols commis dans le quartier.
"Cela ne me pose pas de problème", confie en revanche Nacera, 28 ans, également habitante du quartier. "Ce sont des personnes assez gentilles. Quand je les vois passer, ils me disent bonjour".
Cette mère de famille trouve que le maire de Croix, Régis Cauche, est allé "trop loin" quand il a assuré que "si un Croisien (commettait) l'irréparable (contre un Rom, ndlr), (il) le (soutiendrait)".
M. Cauche, qui a fini par reconnaître une "phrase malheureuse", continue d'insister sur le caractère d'"urgence" de l'évacuation du campement, prévue prochainement selon un engagement du préfet du Nord.
La population y a quasiment doublé selon lui depuis l'évacuation du plus grand camp de Roms de la métropole lilloise, à Lille-Sud, le 18 septembre.
"Le problème, c'est la police"
Les Roms assurent eux ne pas ressentir l'hostilité du quartier et des habitants de la ville en général.
Certains sont très loin de ces considérations, inquiets de l'évacuation qui approche, et ne savent même pas qui est Manuel Valls. Tout juste ont-ils entendu que "Bruxelles" était plutôt de leur côté.
"Les Français, ce n'est pas le problème. Le problème, c'est la police", assure David, 44 ans, qui a subi une double opération au coeur en 2012, deux ans après son arrivée en France.
"Aujourd'hui c'est dur en France. Je reste à cause de mes problèmes de santé", ajoute-t-il.
Contrairement à la plupart des gens du campement, qui préfèrent rester notamment pour la scolarité des enfants, David se verrait bien rentrer en Roumanie, s'il n'avait pas son traitement et ses deux rendez-vous hebdomadaires à l'hôpital de Lille. Ce serait "fini le stress" de la police.
Les Roms de Croix se défendent des accusations de vol, n'hésitant pas à stigmatiser une autre population. "On dit qu'on vole mais ce sont les Arabes qui volent et qui nous dénoncent. Et si on vole, on ne vole pas à côté de chez nous, on vole plus loin!", lance Adrian, traduit maladroitement par sa fille Mihaela.
Ils assurent vivre de la vente de ferraille et de la mendicité. "Ainsi que de l'aide humanitaire" complète Bruno Mattéi, du collectif Solidarité Roms.
Si Adrian craint comme tout le monde une nouvelle évacuation, il mise aussi beaucoup sur le 1er janvier 2014, date qui correspond à la levée de mesures dérogatoires imposées par un certain nombre de pays membres de l'Union européenne lors de l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie. "Tous les Roumains auront du travail", prédit-il. "
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