" François Hollande a encore commis une de ces gaffes dont lui seul a le secret. Après la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, le président de la République s’est tourné vers Nicolas Sarkozy pour lui demander, l’air ahuri, « Il est où, l’avion ? » pendant que son épouse prenait congé sans le moindre geste de politesse.
Encore une de ces perles présidentielles qui ne se comptent plus et provoquent chez le peuple un rire navré ; on rit, on rit, puis on se souvient que cet homme est notre Président, et on ravale son rire avec embarras.
Non, François Hollande n’a pas vu l’immense Falcon dressé devant lui. Tout comme il n’a pas vu que la croissance ne naissait pas dans les roses et l’emploi dans les choux, que la pression fiscale avait conduit 90 % des patrons de PME à limiter leurs embauches à une époque où l’on se débat avec un chômage colossal, que les délocalisations s’enchaînent et que les dépôts de bilan ont connu un pic de 7,5 % cet été. Il n’a pas vu le million de personnes qui manifestaient dans la rue l’an dernier, les 141.500 personnes qui n’ont plus de toit pendant que leurs élus croulent sous les indemnités et les primes, l’épidémie de rentiers dénoncée par Thomas Piketty 1, qui nous renvoie à l’époque de Germinal et de l’héritage plus fort que le travail. Il n’a visiblement pas vu non plus que la finance se riait de ses avertissements assénés avec une fermeté chancelante, qu’Angela Merkel n’allait pas lui donner les clés de l’Europe parce qu’il l’avait demandé poliment et que l’on n’empêchait pas un bateau de couler en improvisant un musette sur le pont pendant le naufrage.
François Hollande n’est assurément pas un homme méchant. Tout au plus est-il un hurluberlu tombé là par hasard comme le comédien sous-doué appelé à remplacer au pied levé le virtuose pris d’une extinction de voix le soir de la représentation. Et le voilà propulsé sur le devant de la scène, gâté d’un rôle trop grand pour lui. Il fait ce qu’il peut, comprenez bien.
François Hollande est cet homme sympathique que l’on inviterait volontiers à venir à la maison (sans sa compagne, en revanche : nous avons déjà un réfrigérateur, merci…) mais auquel on ne demanderait pas de garder les enfants, de crainte qu’il ne « voie pas » l’incendie qui débute dans la cuisine, le petit dernier qui joue avec des allumettes ou l’aîné qui gigote trop près du balcon.
Demain, lorsque le peuple épuisé viendra réclamer du pain sous ses fenêtres, on imagine que François Hollande, pyjama et bonnet de nuit sur la tête, ne verra pas, n’entendra pas la foule venue dire son mécontentement. Remercions-le, cela facilitera au moins la tâche de ceux qui voudront prendre l’Élysée. "
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