" Le gouvernement joue avec les chiffres du chômage, et la grande majorité des journalistes lui emboitent le pas.
Comme on le sait, le chômage n’a pas baissé le mois dernier, non : il a au contraire monté. Les « communicants » payés pour cela ont mis l’accent sur un chiffre en occultant l’autre aussi soigneusement que possible. Et en oubliant, ou presque, de parler des « emplois aidés », largement payés par le gouvernement, donc par les impôts, et qui sont, donc, des emplois artificiels ne contribuant pas à la production et à la moindre croissance.
Or, c’est un fait : l’économie française a une croissance nulle (et même négative si on soustrait de la croissance les chiffres de la « croissance » administrative), et elle ne crée pas d’emplois. Si on prend en compte toutes les données, il apparaît au contraire qu’elle en supprime.
Le nombre de pauvres classés comme tels parce que leurs revenus sont équivalents à la moitié du revenu médian ne cesse d’augmenter, et frôle, voire dépasse, la barre des dix millions de personnes.
Le pourcentage des « demandeurs d’emploi » comme tel reste nettement au dessus de la barre des dix pour cent, et si on réintroduit le nombre de ceux qui ne sont plus demandeurs d’emploi parce qu’ils ont renoncé, ou touchent ce qui s’appelait le RMI et s’appelle désormais le RSA, le pourcentage explose. Si on déduit du nombre de gens qui travaillent les vingt six pour cent qui travaillent dans la fonction publique, et qu’on calcule le pourcentage de chômeurs en proportion de ceux qui travaillent dans des activités où l’on risque effectivement de se trouver au chômage, le pourcentage prend des allures de cataclysme.
C’est pire en Grèce, en Espagne, au Portugal et en Italie, je sais. Mais la France étant l’une des principales économies d’Europe, c’est plus grave. Et c’est le signe d’une déchéance que d’autres signes viennent indiquer.
L’endettement ne cesse de croître, dépasse quatre vingt dix pour cent du PIB, et augmente tous les ans, puisque les prélèvements obligatoires représentent quarante six pour cent de la richesse nationale, et que les dépenses publiques en représentent environ cinquante sept pour cent. La différence ? Il faut l’emprunter, bien sûr. Le simple remboursement de la dette déjà existante consomme autant aujourd’hui que l’impôt sur le revenu, et c’est sans compter sur les dettes qui s’ajoutent à chaque seconde.
Le nombre d’entreprises qui ferment est supérieur au nombre d’entreprises qui se créent, et cela depuis des années. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une usine soit en faillite ou délocalise vers des pays où les charges sont moins écrasantes.
Comme l’a écrit Jean Patrick Grumberg voici peu, les jeunes qui sont au chômage aujourd’hui le resteront une bonne partie de leur vie, et finiront déclassés. Et les jeunes qui sortent aujourd’hui de l’université, pour une bonne partie d’entre eux, eux aussi, connaîtront le même sort, sauf s’ils quittent le pays.
Mes amis de l’excellente organisation Contribuables associés viennent de publier un numéro des Enquêtes du contribuable appelé Ces Français qui fuient le socialisme, que je recommande vivement (contribuables.org/ces-francais-qui-fuient-le-socialisme), et l’enquête montre que ce ne sont pas seulement les gens qui ont de l’argent qui partent, mais tous ceux qui le peuvent. Deux cent quatre vingt cinq mille personnes quittent la France chaque année.
Dans les instituts économiques internationaux, on parle désormais de la France comme de « l’homme malade de l’Europe ». Et il y a des explications à cela. Elles ne sont pas toutes économiques.
L’université continue à former des gens à des métiers qui n’existent pas
Elles tiennent à l’existence d’un appareil d’enseignement totalement sclérosé où l’université continue à former des gens à des métiers qui n’existent pas et, très largement, ne forme pas aux métiers qui existent, et où dès le lycée, l’anticapitaliste règne en maître (quand je consulte le manuel scolaire de ma fille la plus jeune, qui est en quatrième, j’ai l’impression de lire le Programme des Verts, voire parfois des textes rédigés par Olivier Besancenot).
Elles tiennent à ce que les médias continuent le travail mené par le système d’éducation et achèvent de lessiver les cerveaux (je ne dénoncerai pas les journalistes compétents, il en reste, je les compte sur les doigts d’une seule main, et je ne veux pas qu’ils perdent leur place).
Elles tiennent à l’absence d’offre politique à même de présenter une offre à même de sortir le pays de la spirale qui l’entraîne. François Hollande et le gouvernement socialiste font du socialisme, ce qui est logique et normal, après tout. Et le socialisme mène à la faillite, ce qu’on sait ailleurs qu’en France. Mais le malheur est (dois-je le répéter?) que Marine Le Pen fait aussi des propositions socialistes (et protectionnistes de surcroît!), que les propositions de l’UMP, pour l’heure se situent sur la gauche de celles du parti travailliste britannique (ou proposent, au mieux, des mesures homéopathiques) et que Nicolas Sarkozy n’a peu ou prou rien fait pendant cinq ans, sinon gesticuler de manière incohérente.
Le malheur est que le seul mouvement libéral qui subsiste en France est groupusculaire, teinté d’idées utopiques libertariennes, et désormais phagocyté par l’UDI, qui n’est à peu près rien.
Le malheur est qu’il n’y a pas un seul livre d’économie digne de ce nom dans les livres qui sont en tête des ventes en économie et que l’ « Introduction à l’économie » la plus diffusée est signée d’un membre du Front de gauche. Des commentateurs sur amazon mettent cinq étoiles au livre avant de retourner vers leur bureau de bureaucrate payé aux frais du contribuable, à moins qu’ils ne chantent l’Internationale après avoir reçu leur lettre de licenciement.
Je vois la révolte qui gronde ici ou là dans le pays. Je sais que des gens désespèrent. Je discerne la colère.
Mais je discerne aussi que la révolte n’est porteuse d’aucune réponse parce qu’il n’y a aucune offre politique ou intellectuelle audible qui soit porteuse de réponses.
La part de la France dans les exportations mondiales a diminué de moitié au cours des dix dernières années, et il faut quasiment lire l’anglais ou aller chercher les détails statistiques à la loupe pour le découvrir.
Le capital de demain est le capital intellectuel, et celui-ci s’en va d’un pays où il y a encore un Ministre du redressement productif qui parle de « démondialisation ».
Le ministre concerné n’est pas seul. Sur internet, j’ai vu un livre que je préfère ne pas lire, car mon temps est précieux : il s’appelle La fin de la mondialisation. C’est sans doute la fin de la mondialisation pour la France, oui, hélas : mais ailleurs dans le monde, celle-ci se poursuit. Tout simplement parce que nous sommes à l’heure d’internet, du capital intellectuel, de la dématérialisation de la valeur.
Dois-je dire que je suis consterné ?
J’écris moins sur l’économie, car j’ai parfois le sentiment que c’est peine perdue en ce pays. Mais qu’est-ce qui, désormais, n’est pas peine perdue dans ce pays ? Je n’aimerais pas avoir vingt ans aujourd’hui en France. Ou alors, j’épargnerais pour m’acheter un aller simple.
J’ai déjà dit tout cela. Je vais consacrer un livre au sujet pour expliquer à quel point c’est grave, infiniment plus grave que cela ne se dit.
J’aimerais encore aimer la France. Ce qui se passe ne m’aide pas beaucoup. "
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