samedi 18 janvier 2014

MARRE DE LA CATOPHOBIE

" Lancée quelques heures avant la conférence de presse de François Hollande, une pétition adressée au pape François a recueilli plus de 65 000 signatures en quatre jours. Elle dénonce la situation de "malaise" dans laquelle se trouveraient "les catholiques de France qui se sont levés en masse l'an dernier pour crier leur opposition à la loi dite du mariage pour tous [...] [et qui] n'ont pas été écoutés par Monsieur François Hollande". Elle pointe "une campagne médiatique de dénigrement d'une rare violence" contre eux : "Les catholiques de France sont las d'être un groupe religieux de qui l'on puisse se moquer en toute impunité." Le Point.fr a rencontré Julie Graziani, l'une des trois rédactrices de ce texte. 

Julie Graziani : Nous n'avons jamais conçu ce texte comme une pétition, mais comme une supplique ou une lettre ouverte. Il se trouve que le site l'a affichée comme une pétition, mais ce n'était pas notre intention. Quoi qu'il en soit, et même si nous ne sommes pas spécialistes en droit canon, les canons 212 et 1417 précisent que l'on peut très bien s'adresser au pape directement, comme à n'importe quel évêque, tout comme le pape s'adresse directement aux fidèles. Et c'est d'ailleurs ce que fait le pape François très régulièrement et très simplement.

Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de court-circuiter les canaux habituels, en particulier les évêques ?

Nous n'avons pas la prétention de suggérer au pape une conduite ni de l'informer sur des choses qu'il sait déjà, mais de lui dire que les catholiques de France sont dans un profond désarroi. C'est un message qui est envoyé de la base, un cri d'alerte. Nous ne sommes soutenus par aucun mouvement et aucun parti et n'accepterons pas d'être récupérés ou instrumentalisés.

Qui êtes-vous ?

Nous sommes un groupe d'une centaine de chrétiens engagés dans la cité et âgés, pour la plupart, d'une trentaine à une quarantaine d'années. Nous échangeons régulièrement sur Internet pour débattre et proposer des initiatives. C'est ainsi que nous avons créé un collectif anti-Gleeden (un site de rencontre qui s'adresse aux personnes mariées, NDLR), qui a déposé une plainte au Jury de déontologie publicitaire. Il ne s'agit pas d'interdire l'adultère, bien entendu, mais nous estimons qu'on ne doit pas en faire la promotion dans l'espace public, surtout s'il est visité par des enfants et de jeunes adolescents.

Quelles sont vos revendications ?

Elles s'inscrivent dans le sillage de la contestation de la loi Taubira, qui a servi de catalyseur et de révélateur. Elles sont de deux ordres : d'abord, nous souhaitons que le gouvernement mène une politique plus respectueuse de la personne humaine, ce qui suppose que des droits fondamentaux, tels que le droit à la vie, bénéficient d'une réelle protection. À cet égard, nous voulons que le gouvernement fasse connaître sa position sur les réclamations de GPA et PMA, dont nous considérons qu'elles sont des pratiques de marchandisation des enfants. Et nous sommes inquiets, vigilants et prêts à nous mobiliser dans le cadre du débat à venir sur la fin de vie. Sur tous ces sujets, comme sur la théorie du "gender", qui se propage de façon insidieuse, nous voulons bénéficier d'une véritable liberté d'expression, quand bien même notre parole contredirait l'action gouvernementale.

Vous parlez également de "malaise". Qu'entendez-vous par là ?

Nous avons le sentiment d'être l'objet d'une campagne de dénigrement d'une rare violence qui s'est amplifiée depuis le vote de la loi Taubira. Nous sommes indignés par les attaques et les profanations d'églises encouragées par le silence du gouvernement, quand il ne s'en moque pas ouvertement. Nous n'acceptons pas que les catholiques soient le seul groupe dont on puisse se moquer en toute impunité. On en a marre de la petite catophobie ordinaire !

Cette lettre ouverte a été mise en ligne quelques heures avant la conférence de presse de François Hollande. Qu'avez-vous pensé de sa condamnation des actes anti-chrétiens qui visait en particulier les Femen ?

Nous apprécions cette condamnation d'actes odieux (le 20 décembre, une activiste a mimé un avortement devant l'autel de l'église de la Madeleine, NDLR), mais cette déclaration vient tardivement et du bout des lèvres. Surtout, elle vient quelques jours avant la visite au pape de François Hollande. C'est donc une déclaration de circonstance. Je note enfin que le souverain pontife y a été qualifié d'"utile", ce qui est d'une condescendance stupéfiante, mais qui est, somme toute, révélateur d'un gouvernement qui n'envisage la personne humaine que sous l'angle de "l'utilité". "

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