" Ambigus les Verts? Cette fois, c'est Jean-Marc Ayrault qui le dit. Vingt-deux mois après l'entrée des écologistes dans son gouvernement, le premier ministre s'est finalement rendu compte, publiquement, du réel problème posé par cet allié que François Hollande lui a imposé. Au lendemain du saccage de Nantes, lors d'une manifestation contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, Ayrault a appelé Europe Écologie-Les Verts (EELV) à «sortir de l'ambiguïté» dans une déclaration à Ouest-France. «Ces violences sont inacceptables dans un État de droit. Tous ceux qui exercent des responsabilités publiques doivent condamner les squatters de la Zad (zone d'aménagement différé dédiée à l'aéroport, NDLR), organisateurs délibérés de ces violences», a ajouté le premier ministre.
Directement concernée par cette attaque, la ministre du Logement, Cécile Duflot, n'a pas réagi dimanche, laissant la patronne des Verts monter au Front. «On a toujours dénoncé les actes de violence, donc les choses sont très simples (…) Il n'y a aucune ambiguïté de la part d'EELV», a assuré Emmanuelle Cosse dans l'après-midi. Tout juste Duflot a-t-elle approuvé cette déclaration en signalant, en fin d'après-midi dans un tweet, qu'elle était «en général et en particulier toujours d'accord» avec Emma Cosse.
La veille pourtant, c'est bien la Ministre du logement qui, avant les violents affrontements de Nantes, avait défié le premier ministre en disant, dans un entretien auMonde, tout le mal qu'elle pensait du projet d'aéroport et tout le bien que lui inspiraient les manifestants. Cécile Duflot y assurait que si elle n'était pas ministre, elle les soutiendrait «plutôt deux fois qu'une!» et ajoutait être «de cœur avec eux». Un soutien implicite donc et qui a provoqué la fureur de Jean-Marc Ayrault que les scènes de «guérilla urbaine» à Nantes ont encore amplifiée.
Des crises à répétition
Avant sa déclaration à Ouest-France, le premier ministre a toutefois appelé Cécile Duflot pour l'informer de la teneur de ses propos. «S'il avait vraiment voulu s'en prendre à elle, il aurait tapé plus fort. Sa déclaration à Ouest-France est un message à portée essentiellement locale pour calmer les gars de Nantes qui sont très remontés contre les écologistes», assure un proche de Duflot. En réalité, cette dernière se méfie plus de Valls que d'Ayrault.
C'est le ministre de l'Intérieur qui a choisi de qualifier les incidents de Nantes de «guérilla urbaine». En guerre ouverte avec Cécile Duflot, il a toutefois pris garde de ne pas s'en prendre directement aux Verts et a mis en cause un groupuscule ultraviolent d'ultragauche: les Black Bloc. Il n'empêche, au début du mois, Valls avait été plus prompt à mettre en garde la Manif pour tous contre tout risque de débordement. Même avec le mouvement des «bonnets rouges», il avait réussi à limiter la casse. Or samedi soir, il a reconnu qu'il avait, avant les affrontements de Nantes, «suffisamment d'éléments pour penser qu'il y avait des individus, des groupes, que nous connaissons bien, que nous suivons depuis longtemps, qui voulaient utiliser cette manifestation pour s'en prendre aux forces de l'ordre et à la ville de Nantes». De là à mettre en cause le ministre de l'Intérieur, il n'y a qu'un pas que les écolos n'ont pas voulu franchir.
«Nous avons eu ce débat entre nous, reconnaît-on dans l'entourage de Cécile Duflot. D'autant que normalement, la police sait tout à fait prévenir ce genre de débordements.» Sauf initiative personnelle, toujours probable chez les Verts, ils devraient donc en rester là. Et affronter une nouvelle fois le procès en illégitimité de leur présence au gouvernement.
En dépit des crises à répétition entre les écolos et Jean-Marc Ayrault ou ses ministres sur le cannabis, les Roms, le gaz de schiste, le nucléaire, le diesel, la fiscalité… en dépit de leurs critiques constantes sur la ligne économique de François Hollande et notamment son récent pacte de responsabilité, les Verts ont toujours réussi à justifier leur présence dans la majorité. Maintenant que c'est le premier ministre en personne qui la remet en cause à demi-mot, la donne change. Notamment parce que cela vient donner des arguments à ceux, nombreux, qui dans la majorité n'en peuvent plus des Verts et des crises à répétition qu'ils provoquent. C'est Bernard Tapie qui a le mieux résumé l'état d'esprit des socialistes: «Après les municipales, ciao les Verts». Mais après seulement. Car pour l'heure, Hollande a toujours besoin d'eux. "
La guerre des boulets....
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