" Jeudi, à l’appel du CRIF, plusieurs rassemblements ont eu lieu à Paris et dans diverses villes de Province, en mémoire des victimes de la tuerie perpétrée par Mohamed Merah, il y a deux ans mais aussi en contrepoint à la manifestation du 26 janvier dernier « Jour de colère ».
Le premier ministre Jean Marc Ayrault accompagné du président du Parlement européen Martin Schultz se sont rendus à Toulouse, Manuel Valls était lui au Trocadéro. « Les actes antisémites sont en progression depuis quelques années » et ils sont le fait « d’une partie de l’extrême droite française » a-t-il déclaré.
Vendredi, la presse nous rapporte q’un enseignant de 59 ans a déposé plainte pour agression antisémite. Il affirme avoir été traité de « sale juif, sale fils de pute », et frappé par trois hommes qui lui ont dessiné une croix gammée sur la poitrine. Il a aussi entendu « mort aux juifs » ainsi que des expressions en langue arabe qu’il n’a pas comprises. Des faits qui semblent donner raison aux manifestants, « aux expressions en langue arabe » près, peu usitées par l’extrême-droite française…
Mais voyons ce qu’il en est exactement. D’après le Service de protection de la population juive (SPCJ), organisme crée en 1990 par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et qui publie chaque année un rapport sur l’antisémitisme en France, le nombre d’actes antisémites en 2013 s’est élevé à 423 contre 614 en 2012 et 389 en 2011. Ce chiffre de 423 comprend 105 actions dont un homicide (ou tentative d’homicide) et 318 menaces (1). Comparons ces chiffres au total des crimes et délits commis en France(2).
Pour la seule France métropolitaine, le nombre de crimes et délits s’est élevé à 403 433 (chiffre à comparer à 129 en 2011 et 105 en 2013 recensés par le SPCJ) dont 2 117 homicides et tentatives d’homicides (à comparer à 0 en 2011 et 1 en 2013 recensés par le SPCJ). Les menaces ou chantages se sont élevés à 84 942 (contre 260 en 2011 et 318 en 2013 recensés par le SPCJ). Rapportons ces données au nombre de juifs en France (3). En 2012, selon les éléments fournis par le CRIF, il y avait 530 000 à 550 000 juifs en France. Bref, les actes d’antisémitisme représentent 0.03% du total des crimes et délits tandis que la population juive représente 0.9% de la population française.
Bien évidemment, les membres de la communauté juive sont aussi victimes d’agression hors caractère antisémite, probablement ni plus ni moins que les autres français, ce qui donne environ 3 600 crimes et délits.
Il en ressort bien que les actes à caractère antisémite représentent une goutte d’eau – moins de 3% – des crimes et délits dont sont victimes les juifs. Sur le plan quantitatif donc, la disproportion entre les chiffres et les discours est manifeste, C’est donc l’aspect qualitatif et seulement celui-là qui est mis en avant par les pouvoirs publics.
Nul ne saurait nier qu’agresser un être humain pour le seul motif qu’il est né ceci ou cela est doublement odieux, mais pourquoi plus un juif qu’un arabe ou un chrétien, et pourquoi plus l’appartenance ethnique que l’apparence physique ? Combien de citoyens ordinaires sont agressés du seul fait qu’ils ont une tête qui ne revient pas à leur agresseur, qu’ils sont vieux ou handicapés et donc des proies faciles, qu’ils s’habillent comme des bourgeois ou pour les jeunes filles en tenue légère, pour un simple regard ou encore une cigarette refusée ?
Alors, fléau national ou instrumentalisation d’un mythe, c’est à vous de juger. "
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