" Hollande, vierge effarouchée dès lors qu’il s’agit de Sarkozy, devrait se méfier de ses mauvaises fréquentations. Car elles contredisent cruellement ses cris d’orfraie effarée quand son prédécesseur le soupçonne, à juste titre, de mœurs totalitaires.
C’est ainsi que notre donneur de leçons à la petite semaine n’a pas hésité à gratifier récemment d’une visite d’État de trois jours, fin janvier, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan qui dirige sans partage le pays depuis 2002. Et dont le comportement totalitaire n’a rien à envier à celui d’un Jaruzelski ou d’un Erich Honecker de sinistre mémoire. À tel point qu’aucun chef d’État ou de gouvernement d’un grand pays de l’Union européenne ne s’est plus rendu sur les rives du Bosphore depuis la répression violente de la place Taksim à Istanbul.
Ce qui n’empêche pas M. Hollande, à contre-courant de ses collègues européens, de faire les yeux doux à un état considéré par les ONG de défense des libertés comme un des pays les plus répressifs en matière de contrôle du Web. On vient une nouvelle fois d’en avoir la preuve.
Non content de vouloir renforcer le pouvoir du politique sur le Haut Conseil des juges et des procureurs (tiens, tiens…), le Premier ministre turc n’hésite pas à s’en prendre aux réseaux sociaux d’Internet (Twitter et Facebook) dont il bloque régulièrement la diffusion sur le territoire turc… Pour l’organisation internationale Internet Publishers Association, qui regroupe des éditeurs en ligne, le blocage de Twitter est une tentative de « destruction de la liberté d’expression qui confirme que la Turquie est une dictature », a déclaré l’organisation dans un communiqué.
M. Hollande aime les dictateurs qui ont de la repartie : « Nous allons supprimer Twitter. Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale », fanfaronnait M. Erdoğan devant des milliers de partisans lors d’un rassemblement électoral, à dix jours du scrutin municipal du 30 mars. « Ils verront alors la force de la Turquie », avait-t-il ajouté. On attend encore la réaction outragée de notre chevalier blanc…
On n’est pas plus courageux du côté de l’Union européenne. « L’interdiction de tweeter en Turquie est sans fondement, inutile et lâche », s’indigne-t-on vertueusement à Bruxelles, tout en continuant les négociations d’adhésion d’un pays qui, décidément, n’a rien à faire en Europe. "
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