dimanche 5 mai 2013

WEEK END SOCIALISTE VU PAR " LE MONDE "


Qu'il est loin le temps où François Mitterrand qualifiait le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) d'"école du vice" du PS... Réunis ce week-end à Soustons dans les Landes pour célébrer la première année de la "génération du changement" issue de l'élection de François Hollande le 6 mai 2012, les quelque 300 jeunes militants du MJS n'ont pas vraiment versé dans l'éclat. Bien au contraire, ils se sont comportés en élèves très sages de la gauche au pouvoir.
Pendant deux jours, aucun sujet sensible n'a été précisément abordé lors des tables rondes organisées en présence de seulement six ministres (Najat Vallaud-Belkacem, Christiane Taubira, Valérie Fourneyron, Benoît Hamon, Alain Vidalies, François Lamy) du gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui avait lui-même annulé au dernier moment sa venue dans ce centre de loisirs réquisitionné pour l'occasion.

Benoît Hamon (économie sociale et solidaire) et Alain Vidalies (relations avec le Parlement) n'ont par exemple pas été questionnés sur l'abandon récent par la majorité de la loi d'amnistie sociale proposée par les parlementaires communistes et défendue il y a encore quelques mois dans l'opposition par le PS et ses deux mêmes responsables.

La mise en place d'une allocation d'autonomie pour la jeunesse, comme celle d'un récépissé policier lors des contrôles d'identité, deux revendications permanentes du MJS jusqu'à présent, ont été évoquées du bout des lèvres par les militants. Pis, le droit de vote pour les étrangers aux élections locales est, lui, carrément passé à la trappe.

SERVICE APRÈS-VENTE DE LA "BOÎTE À OUTILS" DE L'EXÉCUTIF

A la place, les jeunes socialistes sont restés sur les terrains très généraux de l'emploi, de l'éducation, de la République ou du "défi écologique", permettant aux différents ministres d'assurer sans risque le service après-vente de la "boîte à outils" de l'exécutif (emplois d'avenir, contrats de génération, banque publique d'investissement, crédit d'impôt compétitivité...).

Thierry Marchal-Beck, le leader du MJS, avait pourtant promis en ouverture que son mouvement serait le "poil à gratter" de la gauche gouvernementale, capable de dire à "papa et maman quand ils déconnent". Papa et maman peuvent être tranquilles, la révolte générationnelle n'est pas pour tout de suite. Alors qu'à Paris, entre Bastille et Nation, une partie de la gauche manifeste contre l'austérité à l'appel du Front de Gauche, à Soustons, l'ambiance était en effet davantage au défilé pour être pris en photo avec la garde des Sceaux Christiane Taubira, véritable vedette du rassemblement, accueillie comme une pop-star du mariage pour tous.

Pas de remise en question de la ligne économique et sociale du chef de l'Etat, aussi bas dans les sondages que le chômage est haut, mais des exhibitions de "zumba", une danse fitness colombienne, quelques séances d'accro-branches dans les pins landais et des exercices de navigation sur le lac de Soustons. Prudents, les jeunes socialistes avaient laissé les pédalos aux hangars, préférant le kayak ou le dériveur. Alors que le mot "fête" semblait avoir été banni de toutes les bouches, les militants ont quand même dansé "avec DJ" lors de la soirée de samedi, mais à huis clos, le rendez-vous ne figurant pas sur le programme distribué aux médias.

"ENTRER DANS LA PHASE DE L'ACCÉLÉRATION"

Quid du Parti socialiste sous le soleil soustonnais ? Seuls deux secrétaires nationaux (Marc Coatanéa, en charge des questions de société, et Stéphane Delpeyrat, en charge de la recherche) ont fait le déplacement, contrairement aux autres cadres de la rue de Solférino ou aux quatre porte-parole du parti, tous absents sauf Frédérique Espagnac débarquée d'extrême justesse dimanche matin, donnant l'impression d'un parti qui rase les pelouses... Harlem Désir, le premier secrétaire, arrivé tard samedi dans l'après-midi, entouré des seuls membres de son cabinet, a pris soin d'accompagner l'entrée sous le chapiteau blanc de Christiane Taubira afin de profiter de l'ovation des militants en réalité réservée majoritairement à la ministre de la justice.

Dimanche, le patron des socialistes a livré un discours à la jeunesse devant M. Vidalies, seul ministre resté pour l'occasion, et Henri Emmanuelli, député du département. Pendant une petite trentaine de minutes, M. Désir a vanté le bilan de la première année de mandat, reconnaissant toutefois que celle-ci "a été difficile" car consacrée à la "réparation" de l'action "catastrophique de la droite au pouvoir de 2002 à 2012. "Maintenant nous devons entrer dans la phase de l'accélération", a-t-il ajouté sans plus de précisions néanmoins.

Dénonçant le "populisme" et les "mensonges du Front national", il a appelé le PS à "parler à la France populaire", mais sans dire un mot de Jean-Luc Mélenchon et de sa manifestation "coup de balai", alors que la veille, il reprochait en privé au leader du Front de Gauche d'être "plus proche de Beppe Grillo que dans la recherche de solutions à gauche".

Dans la foulée des récents débats socialistes sur l'orientation européenne, M. Désir a terminé en appelant à la "confrontation politique" avec "tous les conservateurs européens" pour "dire stop à l'austérité". Pas question toutefois de relancer la polémique avec la chancelière allemande Angela Merkel. "Nous n'avons pas un problème avec une personne ou avec un pays", a-t-il précisé, prudent. "Il y aura une deuxième édition l'année prochaine à Soustons", a promis le premier secrétaire aux jeunes socialistes avant de quitter les lieux. Est-on sûr que cet engagement-là sera bel et bien tenu ?

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