" 2013 aura été une année noire pour la presse française, nationale, régionale ou magazine: chute des ventes et des recettes publicitaires, déficits généralisés, plans de départs, cessions en rafales, un déclin que les développements numériques ne compensent pas.
Partout, les ventes reculent: sept des huit grands quotidiens nationaux français (sauf La Croix) ont vu leur diffusion baisser sur les 10 premiers mois de l'année, selon l'OJD. Les Echos résistent, Le Figaro et Le Monde s'en sortent avec des baisses de 3 à 5%, mais la chute est alarmante pour Le Parisien, Aujourd'hui en France et l'Equipe, qui reculent d'environ 10%, et plus encore pour Libération (-16,06%).
Dans la presse magazine, sur 360 titres existants, 90% voient leurs ventes baisser, sauf quelques nouveaux comme Causette ou Jour de France. Idem pour les 66 quotidiens régionaux et pour les trois-quarts des 200 hebdomadaires régionaux.
Avec la crise et la baisse des ventes, les annonceurs se font plus rares: davantage encore qu'en 2012, les recettes publicitaires de la presse ont diminué (-10,1% pour la PQN, -6% pour la PQR et -9,8% pour la presse magazine), selon l'Institut de recherches et d'études publicitaires.
Résultat: des déficits généralisés. Tous cherchent des économies en réduisant leur rédaction et leurs coûts. Ceux qui n'ont pas un actionnaire prêt à les renflouer, en première ligne Libération, sont menacés.
Cette année, le groupe Le Monde prévoit un déficit net de 2 millions d'euros et Le Parisien une perte nette de 17 millions, presqu'autant qu'en 2012. Libération, fragilisé par une dette de 6 millions, perdra plus d'un million cette année. Les Echos prévoient une perte opérationnelle courante de près de 3 millions, après -6,7 millions en 2012.
Victime collétarale de la baisse des ventes au numéro, les points de vente de presse pourraient voir leur nombre baisser de 800 cette année par rapport aux 27.500 de fin 2012.
Moins de journalistes
Les cessions s'accélèrent, parfois dans l'urgence, par des propriétaires qui veulent éliminer un foyer de pertes, en particulier dans les magazines: le n°1 de la presse magazine, Lagardère Active, a mis en vente 10 de ses 39 titres, dont Be, Première, Psychologies, Maison & Travaux, et Pariscope. Faute de repreneurs, ils fermeront. Au total 350 postes sont concernés. Claude Perdriel, fondateur et propriétaire du Nouvel Observateur, cherche des investisseurs, voire des repreneurs pour son hebdomadaire, qui devrait perdre 5 à 7 millions d'euros cette année.
Cet été l'allemand Axel Springer a cédé ses magazines français, dont Télé Magazine, à Reworld Media. NextRadioTV a vendu cet automne pour un euro symbolique ses derniers magazines papier, 01 Net et 01 Business. Le Moniteur (21 titres professionnels) s'est vendu à Infopro, éditeur de l'Usine nouvelle.
Les rédactions rétrécissent encore. Au moins 300 postes de journalistes seront détruits cette année, selon le Baromètre de l'emploi Journalistes 2013. Déjà 2012 avait vu 1.158 suppressions d'emplois dans la presse, dont 600 journalistes. Derniers exemples, Le Monde veut supprimer 29 postes à Courrier International, Nice-Matin 148 postes, le Groupe Sud-Ouest 180, L'Equipe fait partir 71 salariés et 20 minutes va supprimer son service photo.
Pour ne pas licencier, Libération négocie avec ses employés des baisses de salaire. Le directoire de "Libé" sera renforcé par un manager début janvier.
Aucun grand titre n'a disparu cette année mais des quotidiens locaux se sont arrêtés, dont Le Pays, en Franche-Comté, fondu dans l'Est Républicain-Le pays et Le Journal du Pays Basque.
Cherchant des recettes tous azimuts, journaux et magazines développent leurs éditions numériques pour tablettes, lancent des lettres confidentielles, comme Challenges, misent sur la partie payante de leurs sites ou proposent des services en ligne, parfois éloignés de la presse, comme Libération qui vend des produits du terroirs et L'Equipe du coaching sportif.
Les ventes d'éditions numériques des journaux ont bondi de 40% cette année mais représentent moins de 3% des exemplaires papier. Les sites des journaux rapportent peu et ne compensent pas la baisse des revenus du papier. Les sites pure players sont en perte, comme Rue89 (groupe Nouvel Observateur). Le gouvernement a promis de demander à Bruxelles une TVA réduite pour les sites d'info: elle leur donnerait un bol d'air et une pétition en ce sens de Mediapart a recueilli de nombreux soutiens (Syndicat national des journalistes, patrons de presse, élus et 16.000 internautes). "
La presse paye peut-être son parti pris journalistique ?! Ceux qui iront dans le sens de notre gouvernement auront leurs subventions payées avec nos deniers tandis que les autres disparaîtront. Il serait peut-être temps que les gens boycottent aussi la presse télévisée !
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