" Gérard Colé, ancien président de la Française des Jeux de 1989 à 1993, accuse l'entreprise d'avoir trompé les joueurs en leur faisant croire qu'il y a dans les jeux de grattage «une égalité des chances qui n'a jamais existé», dans un entretien mercredi à l'AFP.
«Je me tiens à la disposition des magistrats afin, s'ils le souhaitent, d'être entendu» dans la procédure opposant l'entreprise à Robert Riblet, un ingénieur à la retraite, ajoute l'ex-PDG.
Robert Riblet a engagé en 2006 une procédure pénale contre la société, estimant que la détermination et la répartition des gains n'a rien d'aléatoire. Une instruction est actuellement en cours. L'ancien ingénieur a, en parallèle, assigné la Française des Jeux devant les juridictions civiles. Il a été débouté et condamné en août à verser à l'entreprise 10.000 euros de dommages et intérêts. Le juge a estimé qu'il n'avait pas apporté la preuve que le rôle du hasard avait été faussé par la FDJ. «J'ai été consterné par cette décision et j'ai décidé de réagir», indique Gérard Colé, qui affirme que les arguments de Robert Riblet sont «fondés».
Combat acharné
Ce dernier mène un combat acharné contre l'entreprise depuis qu'il s'est aperçu que les tickets n'étaient pas répartis au hasard, mais par livrets. Dans trois livrets sur quatre, il n'existe qu'un seul «gros lot» supérieur ou égal à 20 euros, les autres tickets étant soit perdants soit porteurs de montants «dérisoires», avait-il dénoncé. Une fois le «gros lot» remporté, les tickets continuent d'être vendus, ce qui constitue, selon lui, une «rupture d'égalité» entre les joueurs.
Des milliers de joueurs «ont été lésés» depuis la mise en place du premier jeu de grattage en 1989, estime Gérard Colé, qui assure ne pas avoir été au courant de cette pratique lorsqu'il était à la tête de l'entreprise. Le but était «de faire rejouer et de doper le chiffre d'affaires des courtiers, des détaillants et de la FDJ», ajoute-t-il.
Après la révélation de l'affaire dans la presse, l'entreprise, détenue à 72% par l'Etat, avait modifié, en 2007, le règlement de ses jeux de grattage. Mais, depuis, «il n'y toujours pas eu de législation convenable en la matière», déplore M. Colé.
Sollicitée, la Française des Jeux n'a pas souhaité faire de commentaires. "
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