dimanche 14 avril 2013

LETTRE OUVERTE : JUSTICE

 
" Je souhaitais évacuer l’immense peine qui m’envahit depuis l’annonce du décès de mes deux collègues féminins gendarmes.
Je ne peux m’empêcher d’être en colère et d’avoir le goût du sang dans la bouche. Il n’y a plus aucune limite chez cette partie de la population qui semble avoir acquis ses valeurs dans un univers virtuel ; mais tellement réel pour les familles de leurs victimes !
J’apprends que Abdallah Boumezaar pourrait être mis en examen avec sa compagne. Il était incarcéré jusqu’au mois de septembre dernier ! Il s’agit d’un multirécidiviste incontrôlable qui bénéficie de l’abandon d’une justice étouffée par un pouvoir politique bien-pensant ! Quel est l’intérêt d’une information judiciaire face à de tels actes ? Demander à des gendarmes d’auditionner des membres de sa famille afin de pouvoir dire que c’est un adulte qui a connu une enfance difficile ? Lui trouver des circonstances atténuantes ou un début d’explication à son acte barbare ? Dépenser une fois de plus l’argent du contribuable pour influer sur la décision de la cour d’assises ? Connaître, à travers des expertises et contre-expertises, les angles de pénétration des balles avec lesquelles il a tué les gendarmes ? Avec un peu de chance les délais des expertises lui permettront de ressortir avant son jugement et de pouvoir fuir ; voire faire de nouvelles victimes pour devenir une star du petit écran !
Le ministre de l’intérieur nous explique que la nation va rendre hommage à nos deux collègues décédées alors que dans le même temps M. HOLLANDE souhaite abolir les peines plancher qui « sont contraires au principe de l'individualisation des peines». La justice publique est venue brider la justice privée en lui promettant d’être dissuasive et de protéger l’individu. Où en sommes-nous aujourd’hui ? 90€ pour un dépassement de 6 km/H en agglomération avec un système de recouvrement plus onéreux que la créance et une violence galopante épargnée par un pouvoir condescendant...
Je suis chef de groupe enquêteur en unité de recherches au sein de la gendarmerie nationale (l’Institut pourra relayer vos messages car je me suis clairement identifié auprès de lui et il a pu vérifier mon appartenance à l’institution). Je sors de mon devoir de réserve et de mon anonymat pour crier ma colère. Je suis âgé de 40 ans et cela fait maintenant 18 ans que j’accompagne les victimes. Je me suis investi corps et âme durant plusieurs années de mon existence pour mon métier et au détriment de ma famille. Je ne regrette aucun de ces moments offerts aux victimes et à leur famille. Aujourd’hui je ne me reconnais plus dans ce système régenté par les statistiques et qui permet aux délinquants de faire partie du paysage audiovisuel entre deux sujets d’information au journal télévisé ; quand ce n’est pas entre deux publicités !
Nos représentants ont le devoir de nous protéger des prédateurs qui menacent la cité. Je me tourne vers chacun d’entre vous messieurs et mesdames nouvellement élus. Rappelez-vous que vous avez promis de défendre les intérêts et de garantir les droits de chacun de vos concitoyens. Comment pouvez-vous tolérer et permettre de telles choses qui durent maintenant depuis de si nombreuses années ! Les policiers et les gendarmes sont-ils en guerre ? Doivent-ils mener le combat de la paix publique seuls ? Ne serions-nous pas en droit de brûler des voitures ou des containers à poubelles pour être entendus à notre tour ? Est-ce ainsi que vous apportez votre soutien aux garants des libertés individuelles ?
Je croise les doigts régulièrement pour que l’un de mes proches ne soit pas victime d’un tel individu car je sais que cela aura pour conséquence de m’anéantir. Dois-je prendre les armes pour protéger ceux qui me sont chers ?
Je crains malheureusement que notre justice ne soit de plus en plus défaillante dans les années à venir. J’invite donc toute personne, qui aura pris connaissance de ce mail, à rejoindre l’Institut pour la justice et à inviter les membres de son entourage à faire de même.
Ma colère et mon inquiétude ne sont malheureusement pas apaisées à l’issue de ce message mais mes pensées vont aux proches de mes deux collègues décédées. "

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