" A trois semaines des élections municipales, à trois mois des européennes, Marine Le Pen peut se frotter les mains. La droite dans l’opposition comme la gauche au gouvernement se chargent, chacune à sa manière, d’apporter de l’eau à son moulin.
La droite, d’abord. Deux ans après la défaite de Nicolas Sarkozy, un an après la lutte sans merci qui a opposé François Fillon et Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP, elle escomptait bien panser ses plaies et retrouver les faveurs des Français à l’occasion du scrutin municipal. Deux méchantes affaires risquent de torpiller cet espoir.
TRICHERIE ET FAVORITISME
Depuis quelques jours, c’est le président de l’UMP qui se retrouve, une nouvelle fois, sur la sellette. Hier accusé d’avoir triché pour s’emparer de la présidence de l’UMP, le voilà soupçonné d’avoir favorisé indûment une société de communication dirigée par deux de ses anciens collaborateurs.
Selon une enquête du Point, cette société aurait récupéré, en particulier, la gestion des meetings de M. Sarkozy durant sa campagne de 2012 et les aurait lourdement surfacturés.
Quand on se rappelle que les comptes de campagne de l’ancien président ont été rejetés par le Conseil constitutionnel et que les militants de l’UMP ont été invités à éponger la note de 11 millions d’euros, on peut douter qu’ils apprécient.
« TOUS POURRIS ! », « TOUS TORDUS ! »
Et que fait Jean-François Copé ? Loin de répondre précisément à ces accusations, il se pose en victime d’un complot et s’efforce de mouiller tout le monde, en exigeant une loi de transparence absolue des comptes des partis politiques. Non seulement c’est prendre son camp en otage. Non seulement c’est oublier que cette législation existe depuis un quart de siècle et que les comptes de tous les partis sont consultables auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Mais c’est, surtout, alimenter le « Tous pourris ! » ressassé depuis toujours par le Front national.
La seconde affaire n’est pas plus brillante. Pendant des années, selon Le Canard enchaîné, Patrick Buisson, influent conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, aurait discrètement enregistré ses discussions avec l’ancien président et son entourage. On croit rêver ! Ce n’est plus « Tous pourris ! », mais « Tous tordus ! »… Pathétique.
M. Sarkozy pourra dénoncer la trahison d’un homme ; il ne pourra échapper ni au ridicule de ces révélations, ni au climat délétère dont elles témoignent. Pour celui qui s’estime seul capable de contrer, demain, le FN et de faire regagner la droite, le camouflet est cinglant.
Quant à la gauche au pouvoir, c’est plus simple. Pas de vilain scandale à l’horizon. Mais son impuissance à lutter contre la crue du chômage, sa panne de résultats apparents dans le redressement de l’économie du pays, la purge fiscale opérée depuis deux ans, le discrédit profond du président de la République et la faiblesse du gouvernement se conjuguent pour expliquer la crise de confiance dont elle est victime.
On le constate : la présidente du Front national a bien toutes les raisons de se réjouir. Les autres travaillent pour elle. Sans qu’elle ait besoin d’en rajouter. "
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