" Pour tempérer ses coups de sang qui reviennent avec la même régularité qu’un rhume des foins au printemps, quand les déclarations de revenus pré-remplies tombent dans les boîtes aux lettres, l’administration fiscale l’a invité à s’adresser à Bercy. L’invite n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Vu comme il est remonté, le citoyen de Bavans ne compte pas s’en priver. « Il faut s’adresser au Bon Dieu ? Ça tombe bien. N’a-t-on pas dans le pays de Montbéliard, un ministre de l’Économie et des Finances ? », balance le retraité PSA, voix puissante et regard noir qui bombarde des éclairs.
« Né en cochinchine, je suis un code 99 ! »
Il faut bien admettre qu’il est plutôt rare d’entendre un citoyen Lambda clamer haut et fort : « Mais bon sang, je veux payer des impôts… » D’ordinaire, c’est tout le contraire. On ne se précipite pas ventre à terre aux guichets de l’État pour s’alléger fiscalement.
Lui, si. Et ça n’est pas par excès de zèle. « Simplement pour être dans les clous parce que tôt ou tard, le fisc vous retrouve et ça peut faire très mal… Pas question de m’amuser à ce jeu-là. J’ai des revenus à déclarer, une note fiscale à payer. Point barre ».
Bernard Foucher, 66 ans, se bat « depuis sept ans déjà » contre les mystères « impénétrables » des voies informatiques. 2006 exactement, l’année de l’arrivée des déclarations de revenus préremplies où figurent « en principe » les revenus perçus l’année précédente et communiqué au fisc par l’employeur, les organismes sociaux, les établissements financiers etc. « Tout y figure », dit-il. « Les revenus de mon épouse, les capitaux immobiliers transmis par ma banque etc. Tout… Sauf ma retraite ».
Pour rectifier le tir, il suffit à Bernard Foucher de remplir la case idoine où doivent figurer ses prestations, de s’acquitter ensuite de la note fiscale. Aussi simple. Si ce n’est que dans les méandres informatiques de l’administration fiscale, Bernard Foucher est un retraité payeur inconnu au bataillon. « Vous n’êtes pas imposé. Nous avons le plaisir de vous rembourser les sommes prélevées », lui annonce le fisc. « Et c’est à moi de filer à la perception à Sainte-Suzanne comme à l’hôtel des impôts à Montbéliard, d’expliquer encore et encore, comme chaque année, qu’il y a malentendu, que je suis imposable, et de redébourser ce que le fisc m’a remboursé. Ubuesque. À force, ils me connaissent ! On m’assure que l’affaire va être rectifiée, corrigée. J’ose y croire. Jusqu’à l’arrivée de la déclaration préremplie suivante ».
Elle est tombée le mois dernier dans sa boîte aux lettres. Et alors ? « Rien de changé sous le soleil fiscal. Exaspéré, j’ai repris mon bâton de pèlerin. Localement, les gens des impôts font ce qu’ils peuvent, tombent des nues à chaque fois sur le credo « encore vous ». Ben oui et moi j’en ai marre. Ce commerce-là va-t-il durer jusqu’à ce que j’atteigne 98 ans, l’âge de ma vénérable belle-mère ? » La situation fiscale de Bernard Foucher est-elle à ce point compliquée pour que la gestion informatique s’y emmêle les pinceaux ? « Si encore j’avais bourlingué ma bosse professionnelle un peu partout, je comprendrais. Mais non… J’ai travaillé 39 ans chez PSA. Plutôt stable non ? ».
Il vient d’où, alors, l’imbroglio ? « Paraît que pour les impôts, je suis un code 99 ». C’est-à-dire ? « Je suis né à Saïgon en Cochinchine, l’ancienne Indochine française. C'est de là que viendrait le problème me dit-on aux impôts. Allez comprendre pourquoi ». On se le demande bien !
Train trop cher
Si sa feuille d’imposition fiscale lui donne des sueurs froides, le retraité Peugeot père de quatre enfants, « tous engagés dans des études supérieures », nourrit une autre colère. Ciblée SNCF, celle qui donne « au train des idées d’avance ». Pierre, son fils cadet, fait des études de commerce à Dortmund en Allemagne. Régulièrement, il rentre au bercail comme en décembre dernier. Pour le trajet Dortmund-Belfort, le prix du billet de train acheté le même jour est près de deux fois plus cher en France qu’Outre-Rhin : 260 € à Belfort, 136 € à Dortmund. Bernard Foucher s’en est ému auprès du sénateur PS Martial Bourquin : « C’est bien malheureux. Ces distorsions de prix méritent d’être abordées », lui répond-il par courrier. « Je vous invite donc à contacter la SNCF et de vous placer ainsi en tant que consommateur européen désireux de comprendre pourquoi un trajet identique est moins cher de l’autre côté du Rhin ». Voilà Bernard Foucher bien plus avancé. « Réponse de Gascon. En substance, nos élus s’en contrefichent » "
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