" Les détenus ne se sont jamais autant bousculés pour
faire leurs courses à la cantine, le « commerce de proximité » présent
dans chaque prison française. Ce succès fou est la conséquence
inattendue d’un texte qui unifie à l’échelle nationale le prix de
produits vendus aux détenus.
En juillet 2010, la Cour des comptes avait en effet épinglé l’Etat,
dénonçant, au chapitre des conditions de vie dans les prisons, les abus
de la « cantine », ce magasin où les détenus se procurent de quoi
améliorer leur quotidien : café, eau minérale, chocolat, compléments
alimentaires, articles d’hygiène…
Le rapport pointait des marges sur les produits vendus « d’au moins
22% », avec des écarts de prix de « 50% d’une prison à l’autre ».
Du coup, une réforme a été lancée et une liste de
200 produits prioritaires sont depuis le printemps peu à peu proposés à
des tarifs très avantageux dans les lieux de détention, à commencer
par Lyon et Strasbourg.
Quelques exemples :
-Le pot de Nutella est passé de 3,13 € (prix public) à 1,11 € en prison.
- Le paquet de riz de 500 g de 2,70 € à 0,36 €.
- Le pot de confiture de fraise de 450 g est descendu de 1,45 € à 0,67 €.
- La Ricoré, l’un des best-sellers, a diminué de 4,82 € à 3,45 €.
« Nous avons effectivement constaté un effet d’aubaine, confirme la
direction de l’administration pénitentiaire. Des détenus se sont
précipités sur ces denrées. »
Selon l’administration, « ces tarifs bas sont à la fois le fruit
d’une volonté politique mais aussi le résultat d’achats groupés au
niveau national qui permettent de les négocier au mieux ».
« Pas à ce point : la différence de prix, c’est l’Etat, et donc le contribuable, qui la paie », dénonce pour sa part le syndicat du personnel pénitentiaire Ufap-Unsa.
« Pas à ce point : la différence de prix, c’est l’Etat, et donc le contribuable, qui la paie », dénonce pour sa part le syndicat du personnel pénitentiaire Ufap-Unsa.
Les gardiens de prison n’apprécient pas en effet ces nouvelles cantines low-cost.
« Il faut gérer un trafic de marchandises bien plus important, cela
nous prend du temps », explique Pascal Schreck, de l’Ufap-Unsa.
Mieux, une nouvelle tendance est apparue : « Avant, les familles apportaient de la nourriture aux détenus, ce qui est interdit mais toléré dans les faits. Maintenant, c’est le contraire! Certains prisonniers ont écrit à leur directeur d’établissement pour que leur famille profite aussi de ces prix bas et ils se mettent à poster des colis. »
Mieux, une nouvelle tendance est apparue : « Avant, les familles apportaient de la nourriture aux détenus, ce qui est interdit mais toléré dans les faits. Maintenant, c’est le contraire! Certains prisonniers ont écrit à leur directeur d’établissement pour que leur famille profite aussi de ces prix bas et ils se mettent à poster des colis. »
Pour l’Ufap-Unsa, cette politique discount coûterait environ 20 M€
par an, à raison de 296,68 € par an et par détenu (ils sont 67000 en France).
« On est vraiment loin de cette somme, tempère la direction de
l’administration pénitentiaire. Toutes les denrées ne subissent pas de
baisse de prix et d’autres produits sont vendus avec une marge qui
équilibre les comptes des cantines. »
Mais pour les surveillants, dont le salaire débute à 1 416 € net pour finir à 2 072 € en fin de carrière, cet argent aurait pu permettre d’augmenter les salaires…
Mais pour les surveillants, dont le salaire débute à 1 416 € net pour finir à 2 072 € en fin de carrière, cet argent aurait pu permettre d’augmenter les salaires…
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