" Le procès de 27 membres de trois familles roms de Croatie accusés d'avoir forcé leurs enfants à commettre des cambriolages en série s'est ouvert lundi à Nancy (Meurthe-et-Moselle), en pleine polémique sur la place des Roms dans la société française.
L'enquête, basée sur des milliers d'écoutes interceptées chez 120 suspects, a en effet mis au jour une organisation dirigée par des chefs de clan, aidés de capitaines, lieutenants et enfin de leurs enfants, âgés d'une dizaine d'années, exécutants des cambriolages.
Les prévenus, âgés de 19 à 55 ans, dont quinze comparaissent libres, s'exprimaient en croate ou en italien aidés d'interprètes. Ils comparaissent devant le tribunal correctionnel de Nancy pour «association de malfaiteurs et complicité» dans une centaine de vols, commis en 2011 par leurs enfants, des faits qu'ils contestent. Ils encourent dix ans d'emprisonnement. Les enfants «étaient formés dès le plus jeune âge uniquement pour le vol, ils n'ont jamais connu d'autre école que celle-là», a déclaré le substitut du procurer en charge du dossier, Grégory Weil.
Traite d'êtres humains
Les enquêteurs ont recensé une centaine de cambriolages commis dans tout le nord-est de la France, jusqu'à la vallée du Rhône, mais aussi à Paris, en Belgique et même à Berlin. Ils étaient la plupart du temps commis de jour, en l'absence des victimes. Bijoux et argent liquide étaient ciblés en priorité. Selon l'accusation, le «rendement» mensuel de chaque enfant pouvait atteindre 5 000 euros, pour un préjudice total de plusieurs millions d'euros. L'enquête parle d'équipes «à tiroir» et d'une «organisation pyramidale bien rôdée», dont les enfants étaient mis au travail dès l'âge de 11 ans, selon le parquet. Plusieurs des suspects sont également poursuivis pour «traite d'êtres humains». L'enquête, qui avait donné lieu à un vaste coup de filet en Alsace et en Lorraine en septembre 2011, a mis en évidence des transactions entre familles, où certains enfants étaient «prêtés» pour près de 100 000 euros.
«Plus elle est bonne voleuse, plus le prix augmente. Plus elle a l'air jeune, et pourra donc se faire passer pour mineure, plus le prix est élevé», a résumé Me Weintz, qui a évoqué des formes de répudiation d'épouses, si celles-ci avaient un rendement insuffisant. Une version contestée par la défense qui affirme qu'il s'agissait de dots liées à des mariages. «Que des mensonges!», a protesté le premier prévenu à être interrogé. "
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