vendredi 17 janvier 2014

13 ANS ET UN PARCOURS IMPRESSIONNANT

" Les autorités de Limoges sont démunies face à un mineur ultraviolent et as de l’évasion.
Le juge des libertés et de la détention (JLD) a sonné la fin de la récré. «L’ado multirécidiviste», «le mineur ultraviolent», «le caïd de Limoges», «la terreur du centre-ville», un mineur de 13 ans qui défraye la chronique depuis un an vient d’atterrir sur la case prison. Il a été placé hier dans une maison d’arrêt spécialisée pour mineurs. Une «sanction pénale rendue possible parce qu’en fuguant mercredi du TGI, il a violé l’obligation de contrôle judiciaire que venait de prononcer le juge des enfants en le mettant en examen», précise le procureur de la République de Limoges. Décision «rarissime, à l’image de la situation» selon lui.
Errance. Pour le parquet, c’est une victoire, mais pas la fin de la guerre des boutons, la loi sur les mineurs prévoyant que la mesure ne pourra pas excéder un mois, à l’issue duquel le juge ne pourra qu’ordonner son placement. Problème : la fugue, c’est sa marotte. Du côté du commissariat, la chronique épique de cette errance ne fait plus rire. «C’est en train de tourner à la mauvaise farce», soupire le commissaire divisionnaire : «Il reviendra et, un jour, il commettra l’irréparable».

Il faut dire qu’à seulement 13 ans, son palmarès laisserait même Mesrine interdit. Début 2013 son nom apparaissait déjà dans plusieurs dizaines de procédures en France, dont une, toujours à l’instruction, pour viol. Quand ils arrêtent une bande de fugueurs pour le passage à tabac d’un homme de 25 ans le 10 janvier 2013, les policiers de Limoges sont loin d’imaginer que, parmi eux, un bambin de 12 ans «exerce un fort leadership, y compris sur les plus âgés».

Dans la seule ville de Limoges ces douze derniers mois, il a une vingtaine de victimes à son actif et presque autant de procédures enregistrées. Il a notamment agressé à domicile un quinqua handicapé pour lui dérober moins de dix euros, blessé au couteau une quadra qui avait eu le tort de lui faire remarquer son impolitesse, extorqué son sac à dos à un étudiant allemand de 22 ans, non sans le rouer de coups et, samedi, c’est un autre mineur qui a eu la malchance de le croiser. Placé en garde à vue dans la foulée, il se déchaîne alors contre le plafond de sa cellule à coups de poing. «Il était furieux, il faut voir les dégâts», rapporte un policier. De la fureur oui, mais un instinct déconcertant aussi lorsque mardi, au moment d’être présenté au juge des enfants, il prétexte une «pause pipi» pour s’enfuir par la fenêtre. Il est replacé en garde à vue. Mercredi, rebelote, il se fait la belle du tribunal de grande instance, sous le regard incrédule des éducatrices qui l’accompagnaient. La police lui a mis la main dessus hier matin.

«Hors statistiques». Vu à Paris, retrouvé à Marseille : où qu’il soit placé, à Poitiers, dans le Puy-de-Dôme ou dans la Loire, c’est à Limoges, où il est né, qu’il revient toujours. Qui est ce jeune «furieux» au palmarès déconcertant ? «Un cas désespéré qu’on ne voit que rarement», témoignait un policier parisien en 2013. «Ce jeune est hors statistiques», confesse un fonctionnaire de Limoges. Issu d’une famille de cinq enfants de trois pères différents, abandonné par des parents toxicomanes dès ses premiers mois, ce minipouce de la cavale a connu la rue, la faim et les squats dès l’âge tendre. «Il est issu d’un milieu social très défavorisé et n’a jamais pu construire sa personnalité dans le rapport à l’autre ou à l’autorité», expliquait un ancien éducateur en 2013. Précisant : «Il a une forme d’intelligence de la rue, instinctive. […] Il voit dans l’autre ce qu’il peut lui apporter, et pas qui il est.» "

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